CGE Avril 2015 - Stéphane Richard présente le plan stratégique à horizon 2020

La première session plénière du Comité de Groupe Européen pour cette année 2015 s’est tenue à Marseille le jeudi 16 avril dernier.

L’ensemble des membres de cette instance européenne de dialogue social du Groupe Orange ont donc assisté à la présentation d’un certain nombre de points inscrits à l’ordre du jour, parmi lesquels la présentation des résultats financiers pour l’année 2014, des grands axes stratégiques de l’entreprise pour les cinq prochaines années (Essentiels 2020), de leur déclinaison sur le périmètre IMT (Innovation, Marketing & Technologies), et finalement un point sur les évolutions du dossier visant à acquérir l’opérateur Jazztel en Espagne.

1-      Présentation des résultats 2014 par Ramon Fernandez, Directeur général adjoint, Directeur Financier et Stratégie Groupe

Au-delà des indicateurs clefs déjà communiqués dans les différentes instances de dialogue social du Groupe (Comité Central, Comité Groupe France, etc.), cette présentation permet d’obtenir quelques détails sur les résultats par principaux pays européens. Si les effets concurrentiels et réglementaires restent forts sur certains marchés, le Groupe note une inflexion significative de la baisse du chiffre d’affaires sur la période (-2.5% à 39.4 Md€), de l’EBITDA (-2.5% à 12.2 Md€), et se félicite par ailleurs du parcours du titre Orange en bourse en 2014 (+60%), tout en maintenant les efforts en termes d’investissement (14.3% du CA à 5.6 Md€, en hausse de 1.3% par rapport à 2013). Par ailleurs, le ratio dette nette sur EBITDA est ramené autour de 2 (2.09) contre quasiment 2.4 (2.37) en 2013.

Ces performances financières, fruits de bons résultats commerciaux, notamment dus à une segmentation efficace, à un engagement collectif de l’ensemble des salariés d’Orange, et à une stratégie de réduction de coûts, conduisent le Groupe à maintenir le versement d’un dividende à 0.60€ par action, avec versement d’un acompte de 0.20€ dès décembre 2014 et le solde en juin 2015. Bien que celui-ci ait été revu à la baisse ces dernières années, la Direction prenant enfin en compte l’aspect extravagant de son montant, la CFE-CGC continue de dénoncer une politique déraisonnable de rémunération des actionnaires, les dividendes versés demeurant supérieurs au résultat net de l’entreprise.

S’agissant de la situation sur ces principaux marchés européens, Orange a maintenu, en France, et malgré une concurrence agressive, sa place de leader avec une plus belle performance sur les activités mobiles depuis 2008, et le plus faible taux de churn depuis 2010. En Espagne, le Groupe enregistre une augmentation de sa base de clients mobiles, ainsi qu’une progression sur le haut-débit fixe avec le décollage de la fibre. En Pologne, le contexte demeure difficile, mais on note également une hausse de la base clients haut-débit grâce aux effets positifs de la convergence. En Belgique, l’EBITDA de Mobistar est à la baisse, mais certains signaux positifs apparaissent, tels que des effets réglementaires moins contraignants, une qualité du réseau accrue (n°1 sur la 4G), ainsi qu’un revenu moyen par client (ARPU) pour la première fois en hausse. En Roumanie enfin, la pression est forte et due principalement à l’arrivée d’un 4ème opérateur, mais le chiffre d’affaires est en hausse de 4% et le taux de couverture en 4G atteint 62% de la population.

Pour 2015, si l’EBITDA sera probablement encore en baisse en valeur absolue, il devrait se stabiliser autour de 12 Md€. A l’instar de 2014, le contrôle des coûts sera reconduit, le ratio dette nette sur EBITDA maintenu autour de 2, le montant des dividendes demeurera au même niveau, et le Groupe poursuivra sa politique sélective en matière de cessions/acquisitions. Concernant la cession d’Everything Everywhere au Royaume-Uni, ce dernier n’étant pas consolidé dans les comptes du Groupe, sa vente n’aura aucun impact sur les résultats. La Direction confirme que le fruit de la vente permettra d’éviter de recourir à une levée de capitaux sur les marchés pour financer l’opération d’acquisition de Jazztel en Espagne.

2-      Présentation du plan stratégique à horizon 2020 par Stéphane Richard, Président Directeur Général

Ce plan stratégique, qui fait suite au précédent « Conquêtes 2015 », est bâti à partir de ce que devrait être le monde autour de nous en 2020, beaucoup plus numérique encore qu’aujourd’hui où l’on observe pourtant, pour un utilisateur moyen, 150 consultations (soit 2h27) par jour de son smartphone. Le facteur prix n’étant pas le seul levier, Orange n’entend pas jouer la stratégie du « low-cost » et ne recherchera pas à être le moins cher partout. Les clients raisonnent déjà plus en termes de rapport qualité/prix, que de prix tout court.

Sur les usages, la vidéo et la transmission d’images sont absolument majeures. Le volume de données échangé sur les réseaux double tous les 18 mois, et il convient en outre de prendre en compte la multiplicité des écrans, à hauteur de 12 en moyenne par foyer à l’horizon 2020. L’arrivée des objets connectés et de l’internet des objets, en tant que modèle économique les accompagnant, est un incontournable et le Groupe Orange compte y prendre toute sa part. S’agissant des usages en entreprises, 61% des voyageurs utilisent leur smartphone comme carte d’embarquement. Le besoin de sécurisation des systèmes dans les entreprises va également croissant : d’ores-et-déjà, les coûts liés à la cyber délinquance sont estimés autour de 300 Md€, soit l’équivalent du PIB de Singapour.

Il convient d’avoir un regard lucide sur le cycle des technologies et des métiers associés : si ceux liés à l’internet mobile, au très haut débit mobile et au « mobile banking » sont en croissance, ceux du haut-débit ADSL sont à maturité, tandis que ceux relevant du RTC, de la voix et du SMS sur mobile sont en déclin, accompagnant la baisse des revenus de connectivité du domaine de l’entreprise, ou encore de l’itinérance nationale (avec Free) ou européenne. De fait, la concurrence, encouragée par les régulateurs, va persister, les câblo-opérateurs vont revenir en force, et les services des OTT (Over-The-Top de type Google, Facebook, etc.) vont continuer à remettre en cause nos modèles économiques. Parallèlement, la concentration du secteur s’amorce sur le périmètre européen et dans quelques années, il n’y aura plus de place pour les opérateurs non convergents. En outre, nous sommes entrés de plein pied dans la bataille du « Big Data », et en particulier sur la manière de récolter, de sécuriser et de valoriser les données de nos clients. Dans ce domaine, la Direction se félicite s’agissant de la procédure ouverte par les autorités européennes à l’encontre de Google, et qu’elle appelait de ses vœux depuis plusieurs années.

Les enjeux futurs sont colossaux : Orange ambitionne de devenir un leader du très haut-débit, et sélectionner un certain nombre de domaines dans lesquels investir en termes d’innovation, et de maintenir et amplifier enfin nos positions en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient. La Direction en profite pour affirmer de nouveau qu’elle n’envisage en aucun cas de quitter quelque marché que ce soit en Europe, et qu’elle continuera de capitaliser sur le savoir-faire et l’expertise des 156 000 employés du Groupe, ainsi que de ses 6500 points de vente dans le monde. En particulier, dans le domaine du développement logiciel, Orange est aujourd’hui l’opérateur qui déploie le plus d’applications sur smartphone par rapport aux autres grands opérateurs mondiaux.

En termes de connectivité enrichie, 15Md€ seront investis dans les réseaux du Groupe dans les 5 ans, afin d’augmenter significativement le niveau de qualité perçue, notamment dans le très-haut débit fixe et mobile, accompagnant l’amplification du « tout IP », notamment en France et en Pologne. La digitalisation concernera 50% de la relation clients d’ici 2018, en complément de la relation physique en points de vente, dont la rénovation du concept a abouti à l’ouverture du 1er « smart store » en Roumanie. D’ici 2020, 20% des boutiques en Europe fonctionneront sur ce modèle, et la France comptera 40 très grandes boutiques.

Dans le domaine des ressources humaines, le Groupe entend poursuivre le souffle du nouveau contrat social au-delà de la période précédente. Une entreprise plus digitale appelle des compétences et des effectifs renouvelés, le déploiement d’outils digitaux et du « e-learning », le remaniement en profondeur du réseau social Plazza, le poursuite de la négociation collective, et enfin l’équipement de l’ensemble des salariés du Groupe en Europe d’un terminal 4G d’ici fin 2015 pour celles et ceux qui le souhaitent. Le Groupe se donne par ailleurs l’objectif d’un actionnariat salariés à 10%, en rendant les opérations annuelles récurrentes, et non plus seulement exceptionnelles, en étant plus ouvert à l’international pour permettre à l’ensemble des salariés du Groupe d’en bénéficier, tout en composant avec les réglementations fiscales diverses selon les pays. Sur le volet de l’emploi, la CFE-CGC regrette de ne voir aucune perspective dans la présentation « Essentiels 2020 », alors que les marchés européens s’orientent vers la concentration, avec d’inéluctables conséquences sur l’emploi dues aux synergies.

3-      Stratégie d’IMT, dont emploi en Europe par Mari-Noelle Jégo-Laveissière, Directrice Exécutive Innovation, Marketing et technologies et la participation d’ Elisabeth Belois Fonteix, Directrice des Ressources Humaines IMT : quand l’actualité dément le discours institutionnel.

La déclinaison de la stratégie du groupe à IMT passe, selon Mari-Noelle Jégo-Laveissière, par quatre axes clés : l’axe de la communication enrichie (VoWifi, VoLTE, RCS, Libon, etc.), l’axe du Cloud (le patrimoine numérique personnel, la détention de plusieurs identités numériques, etc.), l’axe des contenus et de la TV (nouvelle box, stick TV, etc.), enfin l’axe des entreprises digitales. La Directrice Exécutive cite également deux axes de diversification : les services financiers mobiles (Orange Money, Orange Cash) et l’Internet des objets. Dans notre position d’intermédiateur, nous collectons, stockons et diffusons des données. Cette perspective nous donne des atouts à travers trois clés de différenciation : construire et utiliser le socle du « Big Data », offrir des terminaux, garantir la sécurité et la vie privée à nos clients.

Le principe de la compétence des agents est réaffirmé, il est « notre capital numéro 1 » mais la question des moyens n’est pas traitée. Elisabeth Belois Fonteix aborde ensuite l’emploi et note une légère décroissance des effectifs ; en France, par exemple tous les départs ne seront pas remplacés. L’actualité nous rattrape et oblige la direction à parler de l’arrêt des activités au Royaume Uni (LAB/OCSL), arrêt justifié par un recentrage sur d’autres pays ou expertises (35 salariés ont été priés de quitter le groupe fin mars). Il s’agit certainement de la taxe sur l’emploi exprimée par Bruno Mettling pour laquelle « tous les périmètres du groupe feront des efforts, y compris l’Innovation ».

Innovation aux abonnés absents et emploi fragile.

Mais de quelle Innovation parle-t-on en 2015 ? A IMT, l’innovation n’est plus un élément de notre stratégie, elle se situe au niveau de la tactique (la mise en œuvre opérationnelle de la stratégie). Les quatre cibles affichées sont résolument opérationnelles et visent à dégager du cash. La CFE-CGC regrette la dissolution de notre capacité à agir sur l’innovation de rupture, de nature à transformer nos activités, pour laisser plus de place dans le discours et sur le terrain, à l’innovation incrémentale : suiveur sur tout et leader sur rien ? Pour être parfaitement honnête, des niches restent résolument à la pointe des avancées technologiques, mais elles ne sont plus mises en avant dans le discours institutionnel après le laminage imposé par Nova+.

L’équation de l’emploi est un véritable casse-tête pour la direction qui résout hors de France cette difficile problématique à coups de licenciements. Malgré un engagement sur le maintien de l’emploi annoncé à l’occasion du projet Nova+, la promesse ne sera pas tenue au niveau Européen. Le laboratoire de Londres se voit imposer un processus de fermeture avec une fin programmée de ses activités pour la fin mai 2015. Un accompagnement à la recherche d’emploi sera proposé…mais hors du groupe. Et oui, la règle vient de changer : une même activité ne se retrouvera pas sur plus de trois sites différents.

A l’initiative du Secrétaire, nos échanges se terminent par un rappel à la loi concernant l’obligation de présentation en CGE des réorganisations. Au Royaume-Uni, le licenciement du personnel aurait pu se régler par une information-consultation en CGE car les activités en France sont impactées. Mari-Noelle Jégo-Laveissière présente des éléments de réponses difficilement acceptables : « pour commencer des choses il faut en arrêter d’autres, les fermetures répondent à cette logique pour contribuer à l’effort global ». Malheureusement, les projets fermés au Royaume-Uni sont transférés en partie vers Rennes. Nous n’arrêtons pas les activités, nous diminuons seulement l’emploi.

4-           Point d’avancement sur le projet de rachat de Jazztel par Bruno Mettling, Directeur des Ressources Humaines et Directeur Général Adjoint du Groupe

Ce point à l’ordre du jour est relativement « technique » tant il porte sur le processus en cours et l’avancement des débats devant la Commission Européenne. Bruno Mettling insiste sur la difficulté imposée par la phase d’examen et l’interdiction de discuter entre les deux structures pendant l’évaluation de l’autorité de la concurrence. Il s’agit donc d’un point à date :

Le 13 octobre : Orange propose une offre de rachat à 13 euros en cash, les marchés financiers font une analyse favorable de la situation, le fond Alken s’oppose sur la proposition, il sort du capital de Jazztel. Le 17 octobre : Jazztel met en place un comité de suivi. Le 4 novembre : présentation par Orange de l’offre à la Commission. Le 4 décembre : la Commission demande du temps pour un examen plus approfondi (il y a un changement des membres de la commission dans cette période). Le 4 mars : la Commission suspend la procédure en attente de réponses complémentaires d’Orange. Le 6 mars : Orange fournit une réponse détaillée. Le 16 mars : une audience orale à la Commission est programmée. Le 24 mars : suspension de la procédure par la Commission. Le calendrier vise une réponse de la Commission le 1er juin au plus tard. Le 10 juin : dépôt des documents pour l’offre publique d’achat (OPA). La fin de l’opération se situe entre le 1er et le 10 juillet.

Les élus soulèvent la question des impacts sociaux qui se traduirait par le licenciement de plus de 400 personnes chez Jazztel et combien chez Orange ? Pour Bruno Mettling à ce stade « il n’y a que des rumeurs » et il est impossible de compromettre la phase d’examen en cours. Il rappelle que la presse n’est pas tenue par les mêmes obligations de discrétion que notre entreprise et un calendrier précis sera proposé au CGE. Nous pensons que les impacts sociaux seront bien plus importants mais il est impossible d’avoir accès aux scénarios existants.

Ainsi se clôture le CGE d’avril 2015.

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