Résultats T3 2009

Les personnels français doivent-ils payer le prix de la crise et de régulations socialement irresponsables ?

La Direction de France Télécom se félicite de la bonne résistance de l'entreprise malgré la crise mondiale, et maintient contre vents et marées ses objectifs de cash flow et de distribution de dividendes, qui restent son alpha et son oméga, en dépit de la nécessité reconnue de mise en œuvre d'un « nouveau contrat social ».

On se demande néanmoins comment la Direction compte le financer. On peut seulement évoquer une provision de 1 milliard d'euros destinée au Temps Partiel Seniors, qui devrait permettre à nos collègues de 57 ans et plus qui souhaitent réduire, voire cesser leur activité, de partir dignement (rappelons que la négociation n'est pas terminée, et que la CFE-CGC/UNSA se bat pour que cet accord soit le plus favorable possible pour les personnels).

Pour le reste, ce sont toujours la réduction des dépenses (dont celles de personnel) et la diminution de l'investissement qui permettent de dégager les 8 milliards de cash flow, dont au moins 45% iront aux actionnaires. Une fois de plus, on sert les « saigneurs », et on obère l'avenir.

Les points clefs des résultats : notre lecture

Le chiffre d'affaires global est en baisse de 1,6%, et la marge opérationnelle chute.

  1. Une fois de plus, c'est le marché résidentiel France qui compense les résultats très décevants dans le reste de l'Europe. On en connaît malheureusement le prix !
  2. Europe : les performances commerciales polonaises sont entièrement annulées par les taux de change défavorable du zloty, et Orange est mal positionné sur le mobile, alors que la substitution fixe / mobile s'intensifie dans ce pays. Le reste de l'Europe de l'Est souffre. En Espagne et au Royaume-Uni, l'érosion continue.
  3. Le marché entreprises, qui avait fait d'excellentes performances en début d'année, est désormais touché. Ce sont avant tout les effets de change qui ont plombé le chiffre d'affaires. Le programme MEF n'a certainement pas arrangé les choses.
  4. Sur les marchés émergents d'Afrique et du Moyen Orient, la croissance reste positive... mais cette zone du monde ne pèse que 6,6% du CA global !

Crise économique mondiale, impacts réglementaires et taux de change sont invoqués par la Direction pour justifier cette médiocre performance.

Une régulation socialement irresponsable

Il faut admettre que ni Bruxelles, qui veut à toute force intensifier la concurrence et faire baisser les prix coûte que coûte, ni l'État français, qui semble considérer les télécommunications, et en particulier France Télécom, comme une inépuisable vache à lait qu'on peut taxer à tout bout de champs, ne favorisent la santé économique de l'entreprise. L'État porte aussi une large part de responsabilité dans le niveau ahurissant des dividendes, qu'il exige pour renflouer ses caisses vides.

Gouvernements et régulateurs se comportent de manière d'autant plus irresponsable qu'aucune mesure ne vient en contrepoint protéger l'emploi, ce qui devrait pourtant être une priorité en temps de crise. Rappelons que le secteur des télécoms, qui reste globalement en croissance, ne cesse de supprimer des emplois et de délocaliser ceux qu'il crée. A-t-on décidé d'asphyxier tout à fait ce qui est pourtant considéré, à juste titre, comme un secteur de pointe avec un fort potentiel de développement ?

Un groupe trop « franco-français » dans son management

On peut aussi s'interroger sur la gouvernance de l'entreprise. Est-il cohérent qu'un groupe réalisant la moitié de son chiffre d'affaires hors de France ne compte quasiment aucun dirigeant étranger, ni au Comex, ni au Conseil d'Administration ? Est il raisonnable que des dirigeants opérationnels français soient aussi en charge de pays aussi importants que l'Espagne ou la Pologne ?

Nouveau contrat social ou simple mesure de départ pour 14 000 personnes ?

En dehors du milliard d'euros provisionné en vue de l'accord seniors, on ne voit pas où l'entreprise se donne des marges de manœuvre. Notons au passage que les organisations syndicales découvrent ce milliard à la publication des comptes : il n'a jamais été mentionné auprès des négociateurs de l'accord !

Pour le reste, rien n'apparaît prévu actuellement... en dehors des 14 000 « départs naturels dans les 3 prochaines années » annoncé par Didier Lombard dans Le Figaro du 17 octobre dernier. En relation avec le plan senior ? simple poursuite de la compression des effectifs, au même rythme que celui du plan NExT ?

4 milliards de bénéfice, dont 90% pour les actionnaires :
les personnels et l'avenir de l'entreprise sacrifiés sur l'autel du capitalisme financier

Tant que cette politique de rémunération abusive des actionnaires, dont l'État est le premier rappelons-le, sera maintenue, il n'y aura aucune marge de manœuvre, ni pour réviser en profondeur l'organisation du travail et améliorer les conditions de travail des personnels, ni pour assurer la pérennité de l'entreprise. Le service du dividende risque bien en effet de siphonner cette année l'intégralité des bénéfices !

  1. Pour maintenir son niveau de bénéfice à 4 milliards, la Direction de France Télécom annonce un nouveau plan d'économie... et 14 000 départs sur 3 ans !

Alors que France Télécom traverse une grave crise sociale, la Direction reste aveugle et entend une nouvelle fois se servir des salariés français comme variable d'ajustement.

  1. Alors qu'à issue des résultats du 2e trimestre, la direction annonçait un niveau de l'investissement à 12% du CA, elle y renonce. Sur les 9 premiers mois l'investissement chute à 9,6% du CA.

C'est la triste démonstration que la Direction actuelle de France Télécom n'a aucun projet industriel. Ce n'est pas en réduisant l'investissement que l'on prépare l'avenir.

La CFE-CGC/UNSA réclame une autre stratégie

L'analyse des chiffres est malheureusement implacable. Les ressources nécessaires à un véritable changement de cap imposent les mesures que nous réclamons depuis plusieurs mois :

- La baisse immédiate du niveau des dividendes (à 0,5 euros au lieu de 1,40 actuellement), pour permettre l'investissement dans les hommes comme dans la technologie. Cette baisse permet une réduction des frais financiers de 150 millions d'euros par an. 150 millions, ce sont potentiellement 3 000 emplois nouveaux créés chaque année, en maintenant le même niveau de bénéfice !

- L'arrêt de la distribution de stock-options, qui a dévoyé le management de l'entreprise : les yeux rivés sur les cours de bourse, les plus hauts dirigeants en sont devenus incapables de piloter l'entreprise en tenant compte du facteur humain.

Chaque trimestre, ces mesures deviennent un peu plus urgentes : il faut réagir avant que la dynamique de croissance de l'entreprise ne soit enrayée, notamment sur le marché français.

En parallèle, nous interpellons aussi l'État, pour obtenir :

-      L'interdiction des délocalisations pour tous les acteurs exploitant des ressources appartenant au patrimoine national, comme les fréquences hertziennes exploitées par les opérateurs mobile.

-      La mise en place d'un cadre réglementaire stable et réaliste pour le déploiement de la Fibre.

Il est plus que temps de changer de cap, pour retrouver une vraie stratégie industrielle de long terme, dans laquelle les personnels pourront trouver toute leur place, et contribuer à une performance durable de l'entreprise.

La CFE-CGC/UNSA refuse que les personnels servent de variable d'ajustement et que le fruit de leur travail serve uniquement à augmenter chaque année le niveau des dividendes versés à des actionnaires qui se soucient comme d'une guigne de la pérennité de l'entreprise.

C'est la position que nous continuerons à défendre, jusqu'à ce qu'elle soit entendue, par la Direction de l'entreprise, par l'État, et par les régulateurs, tous aveuglés aujourd'hui par les stratégies sans issue du capitalisme financier.

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