Sébastien Crozier, au coeur de la crise chez FT - Le Toit Citoyen

A la tribune du Toit Citoyen, Sébastien Crozier, président du syndicat CFE-CGC/UNSA de France Telecom est revenu sur son parcours au cœur de la crise sociale.


Dégradation de la situation

Le début de la crise a été vu avec retard par les syndicats, à la rupture du pacte social fin 2003. Leur réaction : la création de l’Observatoire du stress et de la mobilité forcée en 2007. Toutes les organisations syndicales sont sollicitées, seule SUD accepte, l’association des genres a beaucoup choqué à l’époque. Le site de l’Observatoire sera rapidement bloqué par la direction...

« Il y a des suicides tout le temps, dans toutes les entreprises. Mais la direction à réagi de façon très maladroite. La question principale est que l’entreprise ne doit pas être un facteur qui pousse au suicide ». France Telecom se situe, avec 35 suicides en 2 ans, au dessus de la moyenne nationale, plusieurs d’entres eux ont clairement mis en cause l’entreprise. « Il y a aussi eu des suicides dans des locaux techniques dont on a pas parlé », précise-t-il.


Pourquoi ?

« Globalement, dans l’entreprise, vous ne servez à rien... C’est le discours ambiant, les modes d’organisations qui vous le font sentir à chaque instant ». On répète aux gens qu’ils coûtent trop cher, on ferme des sites, on compare la productivité à celles de sous-traitants dont la qualité de travail est bien inférieure.

« D’autre part, on fait des ratios de CA par salarié. Quand on constate que le cours monte grâce aux 22.000 emplois détruits en 2006, l’encadrement est ravi de gagner de l’argent qui n’a aucun rapport avec les performances. La différence entre les plus hauts et les plus bas salaires s’accroit, tout ceci pèse sur le moral des gens. Aujourd’hui, 80% des bénéfices sont versés en dividendes, il n’y a plus de possibilités d’investir, de désendetter. »

L’enquête

Les syndicats ont réussi à mettre en place un questionnaire, assisté par le cabinet Technologia, choisi paritairement. Résultat, sur les 15 à 20.000 questionnaires qui étaient attendus, le cabinet en reçoit 80 000 accompagnés de 11.000 messages étayant les réponses ! 7.000 appels ont été réceptionnés, contre quelques centaines auprès des centres de soutien en interne.

« C’est un cas unique, aucune entreprise au monde n’a jamais obtenu 80% de réponses », souligne Sébastien Crozier. La contestation est impossible et la direction ne peut poursuivre sa politique de déni. Avec un constat sans appel : seuls 52% des cadres et 25% des non cadres éprouvent encore un sentiment de fierté d’appartenir à France Telecom, loin des taux mesurés il y a encore quelques années…

Reconstruire et retrouver ses valeurs

Pour Sébastien Crozier, les télécoms servent trois vocations : créer et organiser du lien social (le temps où tout le monde n’avait pas le téléphone n’est pas si lointain), sauver des vies grâce aux numéros d’urgence et faciliter l’accessibilité de l’information grâce à internet. « Il faudrait que France Telecom retrouve le cœur de ses métiers, de ses valeurs. Quand on appartient à une entreprise qui a contribué à ces trois sujets, on comprend encore moins la politique managériale… »

 Le Toit Citoyen - 4 février 2010

Nos coordonnées

CFE-CGC Orange
10-12 rue Saint Amand
75015 Paris Cedex 15

   
nous contacter
01 46 79 28 74
01 40 45 51 57

Epargne

Formation

Siège : CFE-CGC Orange - 89 Bd de Magenta, 75010 PARIS - SIRET 50803050900030 - 9420Z
Mentions Légales - Protection des données - Accès rédacteur