..."Une décision de bon sens" - liberation.fr

Le directeur général de France Télécom Stéphane Richard vient de reconnaître le suicide d'un salarié comme accident du travail. Pierre Morville, membre de l'Observatoire du stress et des mobilités forcées chez France Télécom, élu CFE-CGC, livre son point de vue.

Comment réagissez-vous à cette décision de Stéphane Richard sur le suicide du 14 juillet 2009?

Je salue une décision de bon sens. Ce suicide, symbolique, avait été très médiatisé. Le salarié avait explicitement mis en cause dans sa lettre ses conditions de travail. La décision de la commission de réforme [une instance consultative interne composée de deux médecins, deux syndicalistes et deux membres de la direction, ndlr], estimant que le suicide n'avait pas de cause professionnelle, était incompréhensible. Notre observatoire a recensé 82 suicides depuis janvier 2007. Tous ne sont pas liés au travail, mais cela peut être une composante importante. Il ne faut pas s'en cacher, il y a aussi dans cette question un enjeu économique important: via les pensions, pour les familles et les proches des suicidés.

Comment expliquez-vous ce choix de la commission de réforme, qui suivait elle-même une recommandation de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas)?

France Télécom vit une situation ubuesque. L'entreprise compte deux types de salariés: ceux qui ont le statut de fonctionnaire - environ 66.000 - et ceux issus du droit privé - environ 34.000. En cas de suicide, quand le salarié est issu du droit privé, c'est à la commission régionale d'assurance maladie (CRAM) de le classer ou non en accident du travail.

Mais quand le salarié est un fonctionnaire, c'est la commission de réforme qui est chargée de juger. Or, la direction y dispose de la majorité des voix. On ne peut pas demander à l'entreprise d'être juge et partie et de déterminer s'il y a eu stress au travail ou non.

En outre, il faut signaler que les fonctionnaires sont les plus touchés par les suicides. Eux, qui étaient habitués à une gestion plus paternaliste et humaine chez France Télécom, ont davantage subi le choc des nouvelles méthodes. Les salariés de droit privé étaient peut-être plus habitués à une certaine raideur dans les relations sociales.

Que proposez-vous pour remédier à cette forme d'incohérence? Comment se sont déroulées les dernières discussions avec la direction de l'entreprise?

Le nombre de suicides exige un dispositif général. Sinon, on va entrer dans un tunnel de décisions judiciaires. Il faut clarifier la situation pour apaiser les familles et le personnel, par exemple avec un décret.

Nous venons de terminer une période de dix mois de négociations, avec des avancées importantes et satisfaisantes...

Extrait : liberation.fr - 13 juillet 2010 - Sylvain Mouillard

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