Rétribution : le bal des menteurs ?

Depuis bientôt 30 ans, la répartition de la valeur produite dans les grandes entreprises françaises se fait en faveur du capital et au détriment des personnels. Tout particulièrement à France Télécom-Orange, où 96% du résultat net de l'exercice 2011 sera reversé aux actionnaires, soit 3,7 milliards d'euros de dividendes.
Pour éviter sans doute la scandaleuse situation de 2009 où l'entreprise avait distribué plus de dividendes que son résultat net, c'est en jouant sur la réduction des sommes versées au titre de l'épargne salariale, et notamment la suppression de l'intéressement exceptionnel que la Direction parvient cette année à équilibrer les comptes.

Pour autant, l'entreprise continuera de verser en septembre un acompte sur le dividende 2012, de 0,60 euro par action (soit 1,5 milliard d'euros), financé par l'endettement de l'entreprise. L'opération génèrera des frais financiers... équivalents au montant de l'intéressement exceptionnel versé en 2011 au titre de l'exercice 2010 !

Le document de présentation des résultats 2011 du 22 février dernier dit expressément que les objectifs de marge sont tenus en raison de « la hausse contenue des charges de personnel » et plus particulièrement de « l'ajustement sur la participation et l'intéressement » (p 24). Voilà qui a au moins le mérite d'être clair !

Les perspectives 2012 ne sont pas plus réjouissantes : c'est notamment par des « mesures de contrôle des coûts salariaux » (p 48) que la Direction entend  faire face à la dégradation du contexte économique et concurrentiel, et à un probable accroissement de la pression fiscale. L'État français comme la Commission européenne (qui veut obliger France Télécom à verser des cotisations d'assurance chômage pour ses fonctionnaires, ce qui au passage en dit long sur ce qui est réservé à ces personnels dans l'avenir) continuent de considérer les opérateurs de télécoms comme d'inépuisables vaches à lait. Ils se préoccupent du pouvoir d'achat du consommateur, mais pas du tout de celui des personnels, et encore moins de l'emploi, pourtant premier garant du pouvoir d'achat !

Les économies porteront également sur la maîtrise des coûts commerciaux, qui passent entre autres par une « optimisation du modèle de commissionnement » (p 47), tandis que le « programme d'efficacité opérationnelle Chrysalid » doit améliorer la « productivité des processus de service client », ce qui, sans autre précision, ne laisse pas d'inquiéter, la PVV (Part Variable Vendeur) risquant d'être affectée.

La rémunération des personnels est aujourd'hui de plus en plus variable et indexée sur les résultats, y compris pour les personnels qui ont peu de prise sur la stratégie ou l'activité opérationnelle. On les associe donc au risque sans les associer aux décisions. Et la Direction ne se prive pas d'utiliser ces « variables d'ajustement » pour présenter des résultats plus « attractifs » au monde de la finance !

Vous avez dit « nouveau contrat social » ?

Cet article est extrait de notre lettre syndicale du T2 2012 "Comprendre & Agir"  spéciale rétribution 

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