Les opérateurs télécoms en 4 graphiques : ajout des données 2017

Comme chaque année, nous actualisons les graphiques qui permettent d’appréhender, de manière synthétique, les principaux indicateurs clefs des opérateurs de télécommunications en France.

Vous pouvez retrouver nos analyses des données 2008, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015 et 2016.

Ces indicateurs proviennent de l’Observatoire des marchés consolidé par l’Arcep, régulateur français des télécoms. Nos graphiques, qui reprennent l’ensemble des données de l’Arcep depuis 1998, intègrent les actualisations rétroactives réalisées par l’Autorité. Nous les complétons par l’analyse des données présentées par Orange dans son document de référence 2017.

Ils ne concernent que le marché français, et les opérateurs de télécommunications, hors activité des autres acteurs de la filière.

Lors de la présentation de son Observatoire 2017, Sébastien Soriano, le Président de l’Arcep, jusqu’alors hostile à toute opération de consolidation du marché français des télécoms, avait quelque peu adouci sa position : « Je ne suis bienveillant à l'égard d'aucun projet de consolidation » (on se disait aussi…), mais « compte tenu du fait que les opérateurs ont répondu présent à notre appel, ce message de fermeture totale ne peut plus être pertinent » (Alire dans .

L’appel en question avait pris la forme de deux années d’exhortations et de menaces à l’encontre d’opérateurs déclarés coupables de ne pas suffisamment investir dans les réseaux. Cette fois, le Président de l’Arcep a bien dû concéder qu’« avec 9,6 milliards d'euros d'investissements, une réponse du secteur se présente pour résorber le retard, et se mettre au niveau des besoins du pays en infrastructures ». De quoi (auto)satisfaire Sébastien Soriano, qui affirmait déjà en début d’année (dans Les Echos - Fabienne Schmitt - 17/01/2018) « L'Arcep a réveillé l'investissement ! Le secteur est en ordre de marche pour sa mission numéro un : équiper le pays en réseaux. »

Puisqu’on en est à parler de missions, évoquons donc un des premiers objectifs fixés par le Code des postes et des communications électroniques au ministre de tutelle et à l'Autorité de régulation : le développement de l’emploi. Avec plus de 3 100 postes (au bas mot, cf. partie emplois) supprimés dans le secteur des télécoms en 2017 – et près de 10 000 depuis la nomination de monsieur Soriano début 2015 – il paraît clair que l’emploi n’est pas le cheval de bataille du Président de l’Autorité. C’est pourquoi, en mai dernier, la CFE-CGC Orange a soumis une contribution à la consultation publique de l’Arcep sur la réattribution des fréquences dédiées à la téléphonie mobile – une première pour une organisation syndicale –, demandant notamment au régulateur et au gouvernement que l’attribution des fréquences intègre un critère de développement de l’emploi en France.

Cela dit, pour pouvoir préserver l’emploi, à défaut de le développer, encore faudrait-il que le secteur des télécoms puisse s’appuyer sur une véritable croissance. Or, handicapés par une régulation autorisant – sinon encourageant – une féroce concurrence par les prix, les opérateurs arrivent à peine à maintenir leurs revenus (-0,1% en 2017), alors même que les usages, notamment en matière de data mobile, explosent. Leurs chiffres d’affaires n’évoluent que selon un principe de vases communicants. Désormais mature, le marché risque de s'essouffler, ce qui minerait la situation financière des opérateurs, et, par voie de conséquence… leur capacité à investir, au moment où se profile le challenge de la 5G. De quoi fournir une autre explication, également très plausible, à l’assouplissement de la position de l’Arcep sur la question de la consolidation du marché français.

Un nouveau record d’investissements tirés par le Très Haut Débit

 

2017 investissements

En augmentation de plus de 660 millions d’euros (+7,5%) par rapport à 2016, le montant total des investissements des opérateurs dans le déploiement de leurs réseaux a établi un nouveau record en 2017. Avec près de 9,6 milliards d’euros investis, ce millésime se place loin devant les trompe-l’œil de 2012 et 2015, deux années lors desquelles les montants avaient été gonflés par les dépenses d’achat de fréquences mobiles.

Cette 3ème année consécutive d’augmentation des investissements a principalement été portée par le déploiement des infrastructures de boucle locale Très Haut Débit, réparties équitablement entre les réseaux fixes (+20%) et mobiles (+24%). Mais c’est toujours le réseau fixe, avec le très coûteux déploiement de la fibre, qui accapare près de 70% des investissements (6,6 milliards d’euros contre 3 milliards d’euros pour le mobile).

Pour 2018, l'Arcep invite – forcément – les opérateurs à ne pas relâcher leurs efforts. Sur le fixe, les investissements vont « baisser à terme, mais cela ne va pas baisser rapidement. Il y a encore une longue histoire à écrire avec la fibre ». Et sur le mobile, le New Deal conclu en début d’année avec le régulateur et le gouvernement – en contrepartie d’une suppression des enchères pour la réattribution des fréquences mobiles historiques – oblige Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free à investir pour garantir une infrastructure de qualité sur l’ensemble du territoire français. Enfin, les opérateurs sont également priés de « ne surtout pas prendre de retard sur la 5G » (dans Next INpact - Guénaël Pépin - 15/03/2018).

Des revenus qui ne suivent pas le mouvement

2017 revenus

Après cinq années de chute ininterrompue, le secteur en est réduit à se féliciter de deux derniers exercices durant lesquels les revenus des opérateurs ont presque réussi à stagner (-0,7% en 2016, -0,1% en 2017). Pourtant, il faut quand même remonter 15 années en arrière pour trouver un total inférieur aux 36,2 milliards d’euros enregistrés en 2017.

« Le cycle de la baisse s'achève, les fondamentaux sont positifs et le secteur a tourné la page de la décroissance », souligne le Président de l’Arcep, mais il faut bien chercher pour trouver des signes annonciateurs d’une période de croissance. Certes, les revenus du marché mobile connaissent une très légère progression (+0,2%) pour la première fois depuis 2009, mais cela ne permet de compenser que partiellement le recul observé sur le marché fixe (-0,6%).

Et pourtant, l’adoption du très haut débit s’accélère, sur le fixe (1,1 million d’abonnés supplémentaires à la fibre en 2017) comme sur le mobile (près de 10 millions d’abonnés à la 4G en plus), ce dernier enregistrant une nouvelle explosion de la data consommée (+115% !). Mais, toujours bien réelle, la course aux promotions (dont les effets sont impossibles à mesurer en 2017, en l’absence de l’habituelle étude de l’Arcep sur l’évolution des prix) conduit à une sous-monétisation des abonnements, de sorte que cette hausse des volumes n’engendre pas de véritable croissance des revenus. Dans ce contexte, la fin du roaming dans l’UE, qui a privé les opérateurs de près de 300 millions d’euros de revenus en 2017, apparaît comme une goutte d’eau dans l’océan.

Si trois des quatre opérateurs ont annoncé des progressions mesurées de leurs chiffres d’affaires respectifs au 1er trimestre (+0,8% pour Free, +2,1% pour Orange, +5,9% pour Bouygues Telecom, -1% pour SFR), l’exercice 2018 ne paraît pas offrir de véritable motif d’optimisme ni de grandes perspectives de rebonds.

L’emploi, sacrifié sur l’autel de la (dé)régulation

2017 emplois

« Depuis cinq ans, le nombre de salariés employés directement par les opérateurs de communications électroniques recule sur un rythme de 3 000 à 4 000 emplois par an (-2 850 en 2017). Au total, les opérateurs emploient directement 112 700 personnes à la fin de l’année 2017. »

Trois lignes, un tableau et un graphique, voilà tout ce que l’Arcep consacre à l’analyse de l’évolution des emplois dans le secteur des télécoms dans son Observatoire des marchés de 60 pages ! Pourtant, il y aurait tant à dire…

On pourrait commencer en discutant la cohérence des chiffres annoncés : si on se plonge dans les documents de références des différents opérateurs, il en ressort qu’Orange aurait supprimé près de 3 500 postes en 2017, et Bouygues Telecom une soixantaine, pendant que Free en créait près de 600. Quant à SFR, en l’absence d’un document pour 2017, on en est réduit à se tourner vers la presse qui nous confirme la suppression, par l’opérateur au carré rouge, d’au moins 5 000 postes dans l’année. Des chiffres qui, mis bout à bout, font apparaître un solde négatif de 8 000 unités, très éloigné des 2 850 suppressions d’emplois mentionnées par l’Arcep. Voilà qui est, pour le moins, flou. Et quand c’est flou…

Quoi qu’il en soit, les explications de ce phénomène restent les mêmes, simples et terribles à la fois : conséquence d'une politique de dérégulation outrancière, la terrible concurrence qui règne sur le marché des télécoms empêche la croissance des revenus des opérateurs, qui mettent en œuvre des politiques de rationalisation de leurs coûts, pour lesquelles l’emploi constitue la variable d’ajustement. Avec 17 000 emplois (soit plus de 13% des effectifs du secteur) perdus en cinq ans, l’ajustement relève du passage en force !

Enfin, n’oublions pas d’avoir une pensée pour les sous-traitants, tout particulièrement les centres d’appels, les distributeurs et les équipementiers. Tous sont les victimes indirectes, non prises en compte par les chiffres de l’Arcep, de la régulation incohérente d’un secteur pourtant stratégique pour notre pays, et qui pourrait être porteur de croissance

2017 emplois orange

Avec près de 3 500 suppressions d’emplois en 2017, qui s’ajoutent aux 1 200 de 2016, Orange a globalement réalisé son objectif de suppression de 5 000 postes en deux ans, en s’appuyant sur une politique de « réduction naturelle » de ses effectifs, fondée sur le non-remplacement de la moitié des départs en retraite enregistrés (près de 9 700 au total en 2016 et 2017). L’opérateur historique compte désormais moins de 93 000 employés dans l’Hexagone, soit 12 000 de moins qu’avant l’arrivée de Free sur le marché du mobile.

Pour la raison évoquée plus haut, nous avons choisi de supprimer de cet article le graphique illustrant l’évolution de l’emploi chez les opérateurs alternatifs. De fait, il affichait une augmentation (!) de 300 postes, qui paraissait complètement incohérente au regard des évènements de l’année écoulée, notamment la concrétisation du plan de licenciement de SFR, qui a supprimé au moins 1/3 de ses effectifs. Nous allons nous attacher à tirer rapidement les choses au clair, en interrogeant les chiffres proposés par l’Arcep et ceux des opérateurs, pour pouvoir vous proposer une version plus cohérente pour le millésime 2018.

Economie et Réglementation des Télécoms

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