France Télécom : direction et syndicats bataillent sur le stress au travail - Les Echos

Accusée par les syndicats de méconnaître les problèmes de stress au travail au sein du groupe, la direction tente de reprendre l’offensive sur le sujet. 


Un livre au titre sans appel
« la machine à broyer » :

France Télécom de Dominique Decèze, Ed. jean-Claude Gawsewitch, 2004-, des reportages sans complaisance sur la détresse de certains salariés, enfin un « observatoire du stress et des mobilités forcées » créé par deux syndicats du groupe en octobre dernier : France Télécom n’a pas été épargné ces derniers temps sur le thème du stress au travail. Il faut dire que le contexte est porteur d’inquiétude pour les 108 000 salariés de l’opérateur de téléphonie.

… L’entreprise a déjà connu un profond changement, puisque, comme le rappelle le DRH, Olivier Barberot, « les salariés de France Télécom sont passés d’une administration centrale à une société anonyme sur un marché concurrentiel » Près de 100 000 personnes ont changé de métier.

Mesurer la souffrance au travail
… On peut négocier sur la méthode et les mesures d’accompagnement, mais la transformation de l’entreprise doit se poursuivre, on ne peut pas l’arrêter. Ce dernier point, lui, n’est pas négociable. D’ailleurs si certains trouvent que l’on va trop vite dans la modernisation de l’entreprise, pour d’autres, au contraire, ce n’est pas assez rapide, note le DRH . La population est effectivement hétérogène entre des fonctionnaires (70% de l’effectif) dont la plupart sont dans le groupe depuis de nombreuses années (deux tiers de l’effectif ont plus de 45 ans), qui ont connu les heures de gloire de l’opérateur historique et restent très attaché à la notion de service public ; et ceux qui, récemment embauchés, plus jeunes travaillant davantage dans les services de vente et de marketing, considèrent France Télécom comme une entreprise comme une autre, soumises aux mêmes contraintes économiques.


« Chaque chef de service doit identifier les profils les moins « performants », or ce sont les fonctionnaires qui sont les premiers visés. Ils subissent des pressions pour changer de poste, ailleurs en France, sur des missions parfois mal identifiées ou non conformes à leurs compétences » indique Pierre Morville, délégué syndical central à la CFE-CGC.

… C’est la méthode qui est contestée : «  France Télécom est une entreprise qui n’a pas d’expérience des restructurations et surtout pas d’expérience du dialogue social, » continue Pierre Morville. « La concertation avec les syndicats est quasi inexistante ». 

Du coup, la CFE-CGC et SUD-PTT ont mis sur pied leur propre observatoire du stress. ….Selon le premier sondage effectué cet été, auquel 3300 personnes ont répondu, 66,4% des salariés se disent en situation de stress et 17% de détresse.
… Pour enfoncer le clou, la DRH met en avant les chiffres de sa propre enquête à laquelle auraient répondu 40 000 collaborateurs en juin dernier : 69% considèrent être bien informés par leur supérieur des sujets qui les concernent et 60% se disent bien accompagnés dans l’évolution de leur métier. «  Il faut progresser sur les 40% restants » reconnaît Olivier Barberot.

« Initiative ridicule »
Pas de chiffre sur la souffrance au travail à proprement parler. Mais pour ne pas être en reste sur le sujet, le groupe prend soin de communiquer sur ses dernières initiatives dont la plus récente est l’instauration de cellules d’écoute et d’accompagnement. Aujourd’hui, 10 cellules sont opérationnelles, réparties sur l’ensemble de l’Hexagone et composées d’équipes pluridisciplinaires (médecins et psychologues du travail, représentants du personnel et de l’employeur, salariés volontaires). Mais la direction n’est pas en mesure de donner le nombre de salariés reçus et accompagnés ce jour.

« Cette initiative est ridicule car la confidentialité dans ces cellules n’est pas assurée puisque des membres de la DRH et des supérieurs hiérarchiques peuvent y participer. Il aurait fallu faire appel à un organisme extérieur. Surtout il faudrait que ce type d’initiatives se fasse en concertation avec les syndicats. Au lieu de cela, la direction interdit à des médecins du travail, au titre de leur devoir de réserve, de participer aux assises de l’observatoire du stress que nous avons organisé en décembre. C’est un comble », poursuit Pierre Morville.

Syndicats et direction continuent donc de s’affronter sur la reconnaissance ou non d’un stress très répandu au sein de l’entreprise. Au risque que cette bataille de chiffres et d’initiatives non concertées ne vienne encore renforcer les inquiétudes des salariés.

Extrait Les Echos le 22 janvier 2008 par Marie Bellan

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