... pose la question du mal-être au travail. Danièle Linhart (*), sociologue et directrice de recherches au CNRS, décrypte ce malaise
Comment expliquez-vous ce malaise à France Télécom mais aussi dans certaines administrations? Il y a une idée - totalement ancrée à force- que la direction de France Télécom a hérité d'une population de fonctionnaires qu'elle juge inadaptée dans un environnement compétitif perpétuel. Il y a donc l'idée, très ancrée aussi, de transformer totalement ces salariés et de les mettre dans une situation de qui-vive. Mais le problème vient aussi, pour ce type d'entreprises qui basculent dans une logique commerciale, de toutes ces stratégies qui passent par un dénigrement de la qualité et de la capacité du personnel. Dernièrement, j'entendais Didier Lombard, P-DG de France Télécom dire: «On va peut-être faire avec moins de pression». L'idée même de la pression est perçue comme une évidence...
Ces méthodes de management, quand sont-elles apparues?
Elles se sont développées depuis 15 à 20 ans. Elles s'inscrivent dans un contexte particulier d'individualisation systématique de la gestion des salariés. Aujourd'hui, ils sont seuls, sans pouvoir s'appuyer sur un soutien collectif où se transmettent des savoir-faire.
Quelles solutions, alors?
Il faut donner aux salariés la possibilité
de faire entendre leurs problèmes. ...
N'est-il pas trop tard pour casser ce formatage des managers?
Non. Eux aussi sont soumis à ces pressions déraisonnables dans le travail. Eux aussi ont les mêmes contraintes.
(*) Danièle Linhart est membre du Conseil scientifique de l'Observatoire du stress et des mobilités forcées de France Télécom, mis en place par les syndicats CFE-CGC et Sud.
Extrait : Le Télégramme - Karine Joncqueur - 5 oct 2009
