Bilan de la restauration mutualisée 2019 : chronique d'une catastrophe annoncée

Les années se suivent et hélas se ressemblent. Une nouvelle fois, le bilan restauration 2019 qui nous est présenté ce jour n’est pas basé sur le périmètre du CE 2019, comme le définit le chapitre 4 de l’accord portant sur la contribution patronale aux ASC et leur transfert de gestion vers les comités d’établissements, mais sur le périmètre national. De plus, avoir un bilan 2019 en fin d’année 2020 n’est pas entendable et ne permet en aucun cas de pouvoir influer sur la politique de restauration pour l’année en cours. Cela prive les élus de toutes leurs prérogatives sur le sujet.

Nous regrettons de ne pas avoir de focus ni sur les salariés ni sur les restaurants fréquentés par des ouvrants-droit de notre périmètre. Les infos étant disséminées sur l’ensemble des 74 pages de ce bilan. Il est anormal que nous n’ayons aucune vision propre à notre périmètre, nous aurions aimé la présentation de ce document en séance. D’ailleurs cela se pratique sur d’autres périmètres sociaux, la DO Réunion Mayotte et DO GNE par exemple.

Sur ce bilan 2019, les dépenses s’élèvent à 92,36 M€, montant qui fluctue légèrement depuis 2013.

Nous notons que seul 44.2% du budget sert à subventionner les repas de nos collègues. Le reste étant dilapidé, sans aucune explication ni contrôle en frais de structure et d’exploitation. Les loyers, charges locatives, taxes foncières et charges de fonctionnement pèsent trop fortement sur le budget, représentant plus de 42.2% du budget en gestion déléguée.

On veut nous faire croire que les loyers et charges locatives seraient en diminution par rapport à l’année dernière, or à périmètre constant, nous constatons qu’ils ne baissent pas. Nous nous interrogeons sur la raison de refacturer une partie des taxes foncières alors qu’Orange n’est plus que locataire de ses bâtiments. Dans les charges locatives, on compte les charges liés aux fluides : eau, électricité, air… or une majorité de restaurants ne possèdent pas de compteurs individuels ce qui ne permet pas d’avoir un suivi précis et encore moins une facturation correcte.

Avec des frais d’admission aux restaurants d’un coût moyen de 11,29€ (en hausse de 16% par rapport à 2018) auquel il faut rajouter des frais d’exploitation et de structures faramineux et non justifiés facturés par le Pôle Expertise Restauration d’Orange de 7,04€/repas (quand les RIE/RIA les facturent aux alentours de 1,20€), nous remarquons que ce n’est pas une priorité pour la Direction que d’offrir un repas à moindre coût aux salariés de l’entreprise. Il ne faut donc pas s’étonner de la baisse de fréquentation.

La CFE-CGC s’inquiète de cette nouvelle baisse de l’ordre de 943 repas/jour servis dans les cantines d’Orange, qui ont un impact non négligeable sur ces frais, et ce après une baisse déjà conséquente en 2018 de plus de 1000 repas/jour. En effet, moins on sert de repas, plus les coûts fixes par repas augmentent et plombent le montant des subventions des CE.

Or cette baisse pouvait être anticipée :

  • Le développement des nouvelles organisations du travail : open space , Flex office, Agil
  • Le développement du télétravail qui en a découlé
  • La mise en place des Titres Restaurants aux télétravailleurs

Tout cela n’est pas arrivé par surprise : c’est le résultat de choix et décisions de l’entreprise. C’est aussi un choix de l’entreprise de ne rien remettre à plat avec ses prestataires restauration et de continuer à profiter de l’argent des salariés pour financer son immobilier.

La meilleure preuve de cette gestion catastrophique est le résultat financier. En effet, entre 2018 et 2019, les dépenses se sont envolées creusant le trou de la restauration mutualisée de près de 10 millions d’euros passant d’un excédent de gestion de 4,6 millions en 2018 à une perte de 5 millions en 2019. Ce sont donc plus de 50% des réserves accumulées au fil des années qui se sont envolées juste pour cette année.

Autre exemple de cette gestion calamiteuse : Selon les critères et standards de la restauration collective, le seuil de « viabilité » pour un restaurant est de servir entre 300 et 350 repas/jour. Or dans les cantines Orange, 108 des 125 restaurants en servent moins que ce seuil. Et pire, près de la moitié en servent moins de 100 !

Dans ces conditions, il ne faut plus s’étonner de voir la Direction facturer et ponctionner les budgets des CE de près 90€/repas dans certains restaurants. Celui de Montreuil par exemple…Est-ce raisonnable et responsable ?

Comble de l’ironie, quand c’est son budget, la Direction sait plafonner les remboursements des repas du midi à 18€ lorsqu’ils sont pris en restauration classique ! Mais quand c’est le budget des CSEE, on ne regarde pas à la dépense...

Chacun appréciera, d’autant plus que la Direction, bien qu’ayant déjà été condamnée pour avoir détourné l’argent de la restauration à son profit, notamment en cherchant à évincer les CE de la gestion du budget de la restauration collective chez Orange, continue à confondre budget de la restauration collective (à la main des CSEE) avec le budget de remboursement des frais professionnels.

Cette attitude est intolérable mais, bizarrement, toutes les Organisations Syndicales représentatives, à l’exception de la nôtre la CFE-CGC, la cautionne. Ces mêmes organisations ayant poussé le vice jusqu’à le faire inscrire dans le nouvel accord de gouvernance de la gestion mutualisée de la restauration. Les salariés apprécieront que la Direction préfère leur faire les poches qu’améliorer la qualité ou baisser le prix des repas proposés.

Sur 2019 seuls 2 restaurants servent plus de 1200 repas/jour. Ceux de Stadium et d’Orange Village. 2 sites où la gestion de la restauration a été reprise par les CE d’OFS et de SCE, CE à majorité CFE-CGC. Doit-on y voir un signe ? Leur politique de subventionnement, supérieure à celle pratiquée dans le cadre de la mutualisation, booste la fréquentation. S’il fallait le démontrer, baisser le prix du repas, draine forcément plus de passages.

La CFE-CGC s’étonne aussi que le choix des prestataires des restaurants soit à la seule main et au bon vouloir de la Direction sans y associer les CE/CSEE ni les comités restaurant.

Nous constatons également à nouveau cette année que des milliers de Titres Restaurant non nominatifs sont distribués (plus de 67000 pour être exact) alors que c’est une pratique illégale. Pour quelles raisons les règles URSSAF ne sont-elles pas respectées ? Qui en profite ? Qui les octroie ? Les petits arrangements entre amis ont encore de beaux jours devant eux à priori…La Direction vient-elle de trouver une nouvelle forme de gratification des salariés sur le dos des budgets des CE ?

Nous regrettons une nouvelle fois que le pôle restauration gère le budget qui lui est délégué par les Comités d’Etablissement, sans aucune vision à moyen ou long terme mais avec pour seul objectif de tenter de dépenser la totalité du budget restauration s’élevant à 2,26% de la masse salariale. Et cela, quitte à engager des investissements ou des travaux qui n’ont pas lieu d’être et qui sont décidés unilatéralement. Le pilotage n’est jamais réalisé dans l’intérêt des salariés, qui n’en tirent aucun bénéfice que ce soit dans leur assiette ou sur leur ticket de caisse.

En conclusion, ce bilan est de nouveau une série de slides avec des informations autoproduites et auto validées par l’entreprise et où tout est mélangé.

  • Pas de compte de résultats,
  • Pas de notion d’investissement,
  • Des montants mis en réserves dont on ne comprend pas d’où ils sortent.
  • Toujours aucune transparence dans les chiffres présentés

Tout est fait et rédigé pour rendre la compréhension et l’exploitation de ce bilan impossible

De plus, contrairement à la désinformation régulière et constante qui est faite sur le sujet et à la façon dont sont présentés les chiffres dans ce bilan : OFS et SCE ont bien réglés toutes les factures dues aux prestataires de restauration.

Pour OFS, les frais de structure et d’immobilier dit PPC ont été réglé à hauteur de 1,20€/repas (tarif appliqué aux entreprises extérieures). Orange refusant toujours de justifier à OFS la facturation d’un PPC à 7,04€, le dossier est désormais entre les mains de la justice. Le président du tribunal a proposé aux différentes parties une médiation. OFS en avait accepté le principe, il a été le seul …

Le déséquilibre « supposé » (puisque rien n’est vérifiable avec ce bilan) des comptes est bien le résultat d’une mauvaise gestion et de choix politique sans aucune vision à long terme de ce que sera la restauration de demain et rien d’autre.

Sur 2019 2 systèmes coexistaient : la mutualisation et la gestion directe des budgets mise en place par les CE SCE et OFS. Toutes les remarques que nous faisions les années précédentes sur les bilans de la mutualisation sont toujours d’actualité. Nos alertes n’ont pas été prises en compte. OFS et SCE ont poursuivi le déploiement de leur politique restauration avec un système de conventions tripartites entre leur CE-Orange – et les sociétés de restauration.   Cela a permis de mettre en place un système d’une grande souplesse pour leurs OD.  

  • La CFE-CGC continuera d’exiger par tous les moyens légaux à sa disposition : la transparence sur le budget des restaurants Orange que gère la Direction avec l’arrêt de la facturation illégale des loyers sur le dos des salariés.
  • Le rétablissement du système informatique de subvention directe par le CSE des personnels de SCE et OFS dans les restaurants Orange.

Et pour préparer la restauration de demain nous demandons :

Des Assises nationales concernant l’organisation du travail chez Orange : télétravail, mobilité géographique, aménagement des espaces de travail, reconnaissance des compétences, restauration collective.

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