Le Jour d'Après - Sébastien Crozier - 10 avril 2020 : Le numérique

Après quatre semaines de confinement, la crise sanitaire mondiale du COVID19 a déjà fortement modifié le quotidien de nombreux français. Parmi les activités essentielles à la vie de la Nation, le numérique a vu exploser les usages, notamment le télétravail. Sébastien Crozier livre une analyse experte sur ce domaine qui pour beaucoup n’apparaît que virtuel. Virtuelles les relations en visioconférence, virtuelle l’utilisation d’applications professionnelles ou domestiques, virtuelles les connexions aux fournisseurs de contenus audiovisuels, virtuel le commerce en ligne comme d’autres usages telle la télé-consultation médicale. Ce monde virtuel repose pourtant sur une réalité matérielle et physiqueSébastien Crozier pose les bases d’une réflexion autour de constats qui relèvent d’un caractère d’urgence. La fragilité du monde physique et matériel sur lequel repose le monde numérique, les inégalités sociales émergeant à l’occasion de cette crise sanitaire, le cadre législatif et réglementaire du secteur du numérique inopérant en situation de crise, le débat autour de la surveillance digitale, sont les sujets de cette première audio-conférence sur la thématique du Jour d’Après consacrée au numérique.

L’économie virtuelle repose sur une matérialité physique

« Le numérique est physique » déclare Sébastien Crozier. Il enchaine : « La matérialité physique du réseau à obligé les acteurs à renforcer et déployer des data centers (…) Ils ont dû augmenter le nombre de serveurs et de connexions. » De fait, sur les mois de mars et avril, c’est une hausse de près de 70% du nombre de serveurs à laquelle nous assistons du fait de l’augmentation des usages. Les contraintes qui pèsent sur l’exploitation des réseaux sont particulièrement importantes. Sébastien Crozier s’appuie sur l’exemple d’Orange Marine : « 90% du trafic internet passe par les câbles sous-marins. » Il explique : « la mise en quarantaine des équipages et leur confinement sur les navires aggravent leurs conditions d’intervention. » Que se passerait-il si les travaux de maintenance indispensables au bon fonctionnement de ces câbles intercontinentaux et internationaux n’étaient plus réalisés ? Assurément une dégradation des communications internet, voire, dans certaines liaisons, une interruption pure et simple. Pour Sébastien Crozier « Avoir un acteur comme Orange Marine, c’est avoir un outil de souveraineté numérique. »

Vers un bouleversement des usages et des organisations

Dans le domaine des usages, le développement du télétravail apparaît comme un élément important de cette crise. Sébastien Crozier évoque notamment « le développement des centres d’appels virtuels » où, de chez eux, les conseillers téléphoniques accueillent les clients. Il note « une accélération des usages avec le développement de la visio. » Il enchérît : « 30 à 40% d’augmentation de téléchargements des applications professionnelles… » tout en précisant la part importante des applications administratives et e-commerce. Sébastien Crozier prédit : « Le télétravail fera sûrement débat dans la société. » Tout comme sans doute « La remise en cause du modèle de la télé-consultation médicale. »

Une réglementation des télécoms inadaptée, un régulateur absent pendant la crise

Stigmatisant « l’idéologie de marché (…) incapable de gérer les situations de crise », le président de la CFE-CGC Orange fustige « le découpage tel que défini par le régulateur (qui) ne fonctionne pas. » La réglementation du secteur des télécoms, impulsée par une logique concurrentielle et libérale, affaiblit les acteurs qui n’ont plus qu’une vision à court terme et une gestion par les coûts incapables d’embrasser les intérêts supérieurs de la Nation. « Il faut un opérateur national » déclare Sébastien Crozier qui souligne la nécessité de disposer de moyens mutualisés et coordonnés, mobilisables rapidement en situation d’urgence. La neutralité du net est également un sujet qui pose question. Le traitement égalitaire des flux de divertissement d’acteurs comme NetflixAmazon Prime ou Disney, mobilisant massivement les ressources réseaux, possiblement au détriment « des communications essentielles à la vie de la Nation » est-il acceptable ? Sébastien Crozier salue sur ce point l’action du Commissaire Européen Thierry Breton, par ailleurs ancien président de France Télécom, en faveur d’une réduction des débits de ces flux. D’autant plus, ajoute-t-il, que « ces acteurs font leur business sans rien payer aux opérateurs », soulignant au passage la politique d’optimisation fiscale de ces puissantes multinationales.

Le débat sur la surveillance généralisée

Sébastien Crozier affiche d’entrée un principe de base : « la téléphonie mobile repose (techniquement) sur la localisation permanente. » il rappelle à ce sujet qu’une panne historique avait paralysé les réseaux en raison justement d’une faille des fameux logiciels de localisation. Il souligne : « le problème, c’est l’usage qui est fait de la localisation et de qui manipule les données. » Ajoutant : « il faut mettre en regard des libertés individuelles, celle de la liberté publique (…) la liberté individuelle autorise à circuler librement sur les routes, la liberté collective (de ne pas se faire tuer par un chauffard) impose les limitations de vitesse. » La localisation permanente et massive rend d’ailleurs déjà d’importants services à la collectivité. Sébastien Crozier rapporte : « Les data d’Orange, anonymisées, permettent d’avoir une vision des flux de visiteurs étrangers en France (…) ou de voir que 15 à 20% des Franciliens ont fui l’Ile de France à la veille du confinement (…) elles aident par ailleurs à l’adaptation des capacités de transports publics. » On serait tenté d'ajouter que nous sommes nombreux à être totalement indifférents aux informations parfois intimes que nous livrons aux acteurs des réseaux sociaux.

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