Le nouveau monde des médias : une urgence démocratique - Nathalie Sonnac
Rédigé par CFE-CGC Orange le . Publié dans Nos séminaires.
Le nouveau monde des médias : une urgence démocratique
Nathalie Sonnac
Retrouvez la rencontre animée par Thierry Taboy et l'intervention de Nathalie Sonnac, spécialiste des médias et de la culture numérique, autour de la transformation profonde du paysage médiatique et de ses conséquences sur la démocratie.
En résumé :
1. Constat initial : un monde saturé d’informations
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Nous vivons dans un déferlement d’informations, vraies ou fausses, émanant de sources multiples.
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Cette abondance génère du bruit plus que du débat, et nuit à notre capacité collective à penser et décider ensemble.
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L’ouvrage de Nathalie Sonnac, Le monde des médias, une urgence démocratique, propose une alerte documentée sur ces dérives, sans catastrophisme mais avec lucidité.
2. Une double révolution numérique
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On est passé des médias traditionnels (presse, radio, TV) à une multitude de plateformes numériques : réseaux sociaux, moteurs de recherche, applis, agrégateurs…
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Après l’arrivée d’internet, une deuxième révolution arrive avec l’intelligence artificielle, renforçant encore la complexité de l’écosystème médiatique.
3. Le modèle économique des plateformes : la captation de l’attention
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Ces nouveaux acteurs reposent sur un modèle économique de l’attention : plus on reste connectés, plus ils gagnent via la publicité.
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Pour y parvenir, ils utilisent la collecte massive de données personnelles (comportementales, psychométriques, etc.).
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Cela engendre une logique d’enfermement algorithmique : nous voyons surtout ce qui confirme nos goûts, nos croyances — et non ce qui nous ouvre à l’autre.
4. Un impact profond sur la démocratie
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Cette logique crée une forme de dé-démocratisation douce :
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Fragmentation de la réalité : chacun vit dans sa "bulle", son "couloir de nage".
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Affaiblissement du débat commun.
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Régime d’alerte permanent, source de charge mentale, en particulier chez les jeunes.
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L’évolution vers une dictature du temps court et de l’émotion menace le fonctionnement démocratique, qui suppose confrontation des idées et temps long.
5. Médias traditionnels : victimes ou complices ?
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Ils sont à la fois concurrencés et entraînés dans cette logique : ils ont perdu leur monopole d’accès à l’information, tout en devant se battre sur les mêmes terrains (rapidité, viralité, contenus courts…).
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Leur rôle de tiers de confiance s’est érodé, même s’ils restent soumis à des règles déontologiques que n’ont pas les plateformes.
Face à ce "Big Bang médiatique", l’enjeu est double :
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Comprendre les mécanismes de l’économie de l’attention.
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Réagir collectivement : repenser l’éducation aux médias, renforcer la régulation des plateformes, préserver l’espace public démocratique.
Pour en savoir plus, visionnez la vidéo.