Editorial : Télécoms et numérique : où va l’Etat ?

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Télécoms et numérique : où va l’Etat ?

La France traverse une période charnière où la souveraineté numérique et la maîtrise des infrastructures stratégiques s’imposent comme des priorités nationales. Pourtant, la multiplication récente des prises de participation de l’État dans le secteur des télécoms et des nouvelles technologies interroge sur la cohérence et la vision à long terme de sa politique industrielle.

Orange et Orange Concessions : une double présence de l’État

Via l’APE et la BPI, qui détiennent près de 22,5% du capital (et près de 30% des droits de vote), l’Etat est l’actionnaire de référence d’Orange, avec la capacité d’exercer le contrôle effectif des orientations de l’opérateur historique. La CNP, la Banque des Territoires et EDF Invest détiennent également une participation de 50% dans Orange Concessions, la filiale dédiée au déploiement de la fibre en zone rurale. Cette implication témoigne d’une volonté de l’État d’assurer la couverture numérique du territoire, mais complexifie la gouvernance et la stratégie industrielle du groupe Orange.

Eutelsat : l’État actionnaire direct, Orange écartée

L’Etat a décidé d’entrer directement au capital d’Eutelsat, montant sa participation à près de 30% pour garantir la souveraineté européenne dans l’espace et soutenir le développement de la constellation OneWeb face à Starlink. Orange, partenaire historique d’Eutelsat et acteur majeur de la connectivité satellitaire, aurait pu légitimement prétendre à devenir l’actionnaire de référence. Ce choix interroge sur la capacité de la France à fédérer ses champions nationaux autour de projets communs, plutôt que de multiplier les prises de participation étatiques.

ASN et Orange Marine : concurrence entre acteurs à capitaux publics

Le récent rachat par l’État français de 80% d’Alcatel Submarine Networks (ASN), leader mondial de la fabrication et du déploiement des câbles sous-marins,  vient renforcer la présence publique dans un secteur hautement stratégique. Mais de ce fait, l’État est actionnaire d’ASN, lui-même en concurrence directe avec Orange Marine, filiale du groupe Orange, sur le marché mondial de la pose et de la maintenance des câbles sous-marins. Cette concurrence  fragilise le leadership français, alors qu’un rapprochement  de ces activités créerait   un acteur mondial incontournable face à la Chine et aux États-Unis, qui ont fait des câbles sous-marins un enjeu géopolitique majeur.

Pour une politique industrielle cohérente et ambitieuse

La multiplication des participations de l’État dans les télécoms  ne doit pas se faire au détriment de la cohérence et de l’efficacité industrielle. Il est urgent de clarifier les objectifs : 

  • Soutenir les champions nationaux en leur donnant les moyens de peser à l’échelle européenne et mondiale.
  • Favoriser les synergies entre acteurs , plutôt qu’une concurrence préjudiciable.
  • Définir une vision stratégique, où l’État agit comme catalyseur, non comme gestionnaire fragmenté de participations.
La souveraineté numérique de la France passe par une politique industrielle ambitieuse, cohérente et fédératrice. Orange, fort de son histoire, de ses compétences et de son engagement pour l’intérêt général, doit redevenir le pilier du numérique en France, au service de la Nation et de ses citoyens.

Economie et Réglementation des Télécoms

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