La gueule de l'emploi

30 000 emplois détruits en 5 ans  

Dans son enquête publiée le 10 novem-bre 2010, Libération dévoilait : « En cinq ans, les plus grandes entreprises françaises ont détruit 39 400 emplois en France tout en engrangeant des dizaines de milliards d’aides de l’État et en réalisant des profits. » 


France Télécom y apparaît comme le champion du dégraissage (-27 600 salariés entre fin 2004 et fin 2009) et du malaise social, malgré des profits taille maxi (3,4 milliards en 2009). 

 

Le diktat des marchés financiers  

En sous-traitant les activités soumises au diktat de la concurrence par le prix, et constituant une charge financière, « non créatrice de valeur ajoutée » (expression des plus méprisantes pour les milliers de femmes et d'hommes qui exercent ces métiers), la Direction de l'entreprise a également externalisé un environnement souvent conflictuel, aux conditions de travail pénibles. 

Cette stratégie est mise en œuvre par de nombreuses grandes entreprises (banque, assurance, énergie...). Elles s'affranchissent ainsi, sans amélioration pour les personnels concernés, d'une part importante de leurs contraintes de régulation sociale, transférant aux entreprises sous-traitantes la charge de régler problèmes managériaux, logistiques, financiers et... syndicaux. 

Les délocalisations : instrument politique pour remporter les licences et racheter les opérateurs historiques
 On imagine aisément qu’un des objectifs des délocalisations qu’organise la Direction est de se procurer de la main d’œuvre à bas prix. Mais ce n’est pas forcement le premier. Un exemple : lorsque France Télécom a annoncé la délocalisation du centre d’appels d‘assistance technique des clefs 3G à l’Ile Maurice, CFE-CGC/UNSA a démontré qu’il n’y avait aucun gain économique

 

Il s'agissait de répondre au gouvernement Mauricien qui s'énervait, France Télécom ne respectant pas ses engagements d'investissement dans les infrastructures de l'opérateur historique. Plutôt que d'investir et de brûler du « free-cash flow », la Direction a délocalisé 200 emplois et donc transféré une manne financière vers l'Ile Maurice. 

L'acquisition de 40% de Meditel s'est faite sous réserve d'une approbation par le gouvernement marocain. Qu'a demandé celui-ci ? Que France Télé-com prenne l'engagement de maintenir ses centres d'appels sous-traités. Les opérateurs alimentent plus de 73% des centres d'appels au Maroc, selon le magazine Business et Tech-nologies. Bien sûr, la Direction a dit oui... 

Externalisation et délocalisation ne s'arêtent malheureusement pas à ces activités.··

D'autres métiers pourtant hautement qualifiés et nécessitant un fort engagement des salariés, métiers stratégiques, voire vitaux pour l'avenir mais soumis à la pression des coûts, évoluent dans la même mouvance, parmi lesquels les métiers de la recherche et développement, ou encore les développements informatiques permettant de gérer le SI et les réseaux de l'opérateur. ·

 La fibre sous-traitée…
La Direction de France Télécom prétend investir dans le déploiement de la Fibre : 2 milliards d’euros d’investissement programmé d’ici 2015. Pour autant, elle a décidé de confier à Arvato (entreprise de Centre d’Appels) une partie de la chaine de commercialisation de La Fibre. Alors que ces nouvelles activités pourraient redonner un sens au travail de milliers de personnes, la Direction a fait le choix de la sous-traitance !Vous avez dit nouveau contrat social ?

 

... est-ce que « la vie change avec Orange » ?···

Faire intervenir des salariés du Groupe dans un film publicitaire dans lequel ils expriment leur fierté de contribuer à la construction du futur réseau fibre (600 000 foyers annoncés) c'est un peu comme afficher Didier Lombard le casque sur les oreilles pour accueillir les appels des clients.··

Sachant que la construction du réseau est majoritairement sous-traitée, s'agit-il d'une communication loyale ?··

En employant de véritables salariés de France Télécom Orange, cette publicité laisse penser aux 90% de français qui la verront (chiffre annoncé avec enthou-siasme par Madame Roujol, responsable de la communication) que c'est une en-treprise soucieuse de sa responsabilité sociale qui déploiera ce nouveau réseau. 10 000 embauches : une ambition limitée dans sa géographie.·

Depuis 5 ans, France Télécom a concentré l'emploi en Ile de France : 35% des emplois dans une région qui pèse 20% de la population française. Les plus anciens d'entre nous se souviennent du temps où chacun pouvait espérer se rapprocher un jour de sa ville de cœur, de sa famille, au gré des « fiches de vœux ». Dans des conditions de vie souvent désastreuses, eu égard au coût de la vie pour les salaires les plus modestes, des centaines de collègues se retrouvent coincés à Paris, sans autres perspective de retour en région que la retraite ou la mobilité sur un poste « stratégique » ou « prioritaire », c'est-à-dire uniquement à la main de l'entreprise et pas forcément en lien avec les aspirations des personnels.Sur le plan humain, c'est un gâchis, et sur le plan économique un déplorable gaspillage quand on intègre le coût de l'immobilier.··

Recréer 5 000 postes en région··

Pour la CFE-CGC/UNSA, la répartition des emplois doit être repensée.··

Elle milite pour la création de 2 500 postes de cadres en région (300 par DT hors IdF). En recréant des postes d'adjoints, de RH, de soutiens opérationnels qui font aujourd'hui cruellement défaut, les managers auront la possibilité de se consacrer aux aspects humains de leur activité. Les centres de décision doivent revenir au plus proche du terrain, pour mieux s'adapter au contexte local, tant interne que commercial et concurrentiel. ·

Créer 2 500 postes de télé-conseillers··dans les villes petites et moyennes, c'est donner de réelles perspectives d'avenir à des services menacés de passer sous la taille critique assurant leur maintien, et leur permettre de développer une « poly-activité » attendue par les salariés. Alterner ou évoluer entre des activités « front office » (prise d'appel) et des activités « back office » (réponse mail, traitement administratif ou courrier) permet de soulager la charge mentale à laquelle le front-office est fortement exposé, mais aussi de travailler plus « intelligemment » en connaissant tou-tes les facettes de l'acte commercial, au bénéfice des personnels et des clients.··

En rouvrant des services en région, on donne aussi à des centaines de salariés parisiens la possibilité de retrouver une qualité de vie et parfois la proximité de leurs familles. Point n'est besoin de délocaliser les centres d'appels à l'autre bout du monde, on réduit massivement les coûts immobiliers en s'installant hors de la région parisienne. Ne serait-il pas plus responsable socialement, pour un faible surcoût économique, d'internaliser ces activités et de développer l'emploi en région·? L'entreprise gagnerait sûrement en performance, en amélioration du climat social et en image.·

Une véritable ambition pour l'emploi permettrait de concilier qualité de vie, évolution professionnelle, et performance économique. Mais la Direction a sauvagement annoncé la suppression de 3 000 postes dans les «·fonctions siège·» créant déjà un sentiment de panique, car personne ne sait quels postes, pour quels motifs, et quel sort est réservé aux personnels qui les tiennent.·

Poitiers, Metz, Tours, Albi, St Etienne, Valenciennes : villes en péril ? 

Dans de nombreuses villes, le maintien de l’emploi à France Télécom n’est dû qu’à l’existence de centres d’appels. La CFE-CGC/UNSA a réalisé une étude sur six villes représentatives de taille moyenne (Poitiers, Metz, Tours, Albi, Saint Etienne, Valenciennes), l’activité « Centre d’Appels » y représente près de 50% de l’emploi de France Télécom-Orange en 2010.
· La décision de transférer les appels de ses centres clients à l’étranger aurait des conséquences désastreuses pour le tissu économique local.

Une législation indispensable pour arrêter l'hémorragie

La CFE-CGC/UNSA le dénonce régulièrement : il n'existe aucune contrainte sur l'emploi dans le cahier des charges des concessions de domaine public, des licences - telles que les licences de téléphonie mobile (et l'appel à candidatures pour la 4G ne déroge pas à la règle), du service universel que France Télécom assure en très grande partie, ou en contrepartie des subventions envisagées pour permettre le déploiement du très haut débit.·

On sait que l'obligation de localiser les centres d'appels en France, ou en Europe, appliquée à l'ensemble des opérateurs télécoms, ne créerait pas de distorsion de concurrence et permettrait de relocaliser en France environ 25 000 emplois. 

Une telle relocalisation rendrait certainement la sous-traitance moins intéressante sur le plan financier, et inciterait les opérateurs à reconsidérer l'intérêt de conserver en interne une compétence clef dont ils vantent les mérites dans leur communication. La sous-traitance reprendrait ainsi son rôle essentiel : gérer des opérations ponctuelles spécifiques ou des appels en débordement.·

L'emploi, dont le développement permettrait par ailleurs de renflouer des comptes sociaux singulièrement mis à mal, n'est-il pas déclaré comme « la » priorité nationale ?·

La CFE-CGC/UNSA fait de la question de l'emploi en France dans nos régions son sujet de préoccupation majeur·!·

Retraite : 2 500 à 4 000 embauches en moins

La Direction s’est engagée à maintenir le niveau des effectifs du Groupe en France – 10 000 embauches d’ici 2012 – tout en poursuivant une politique de rééquilibrage du corps social de l’entreprise. La longue période de verrouillage des embauches, liée aux objectifs de rentabilité à court terme poursuivis par les équipes de M. Lombard, a induit une fâcheuse conséquence : il a augmenté l’âge moyen des personnels du Groupe. Sans le nouvel accord cumulant Temps Partiel Senior (TPS) et de Temps partiel intermédiaire, la réforme des retraites empêche d’ici 2012, près de 4 000 embauches de jeunes - et cela à l’heure où la France a besoin de leur retrouver de l’emploi. Sa mise en œuvre permet d’en réduire l’impact et d’accélérer sensiblement les recrutements dès 2011. On estime cependant que c’est 2 500 embauches en moins d’ici fin 2012

 

Dans l’entreprise, cela aura des effets de moyen et long terme : plus la pyramide des âges est déséquilibrée, plus il est long de la rectifier.

 

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