22 000 départs pas si "volontaires" - Rue89

Entre juin 2005 et fin 2008, 22 000 postes ont été supprimés, sans aucun licenciement sec, mais au prix d'un malaise croissant chez les salariés. "Jacques, mon pauvre Jacques, t'es pas doué tu sais, depuis le temps que je te le dis, tu devrais changer de métier… Je vais être derrière toi toute la journée parce que t'es lent, t'es trop lent, quand les autres font trois clients, toi tu en fais un, un tout petit…" Poussé à bout par son chef de service devant ses collègues, Jacques finit par démissionner…..

….. "On ne pousse personne vers la sortie. Il y a des opportunités que l'on présente. Il y a des gens qui voient que l'entreprise a bougé... et dans laquelle ils ne se reconnaissent plus."Pierre Morville, délégué central de la CFE-CGC, le dit en des termes bien différents: "Pour beaucoup de salariés, c'est l'effondrement des valeurs auxquelles ils ont cru toute leur vie.

"22 000 départs "volontaires". En une dizaine d'années, leur entreprise a bien changé. Transformation en société anonyme, ouverture du capital, privatisation. Dernier épisode douloureux pour les salariés: le plan NExT qui visait à supprimer 22 000 emplois entre juin 2005 et fin 2008 et d'embaucher 6000 personnes sur la même période. Pas de licenciement sec. Pas de plan social. L'heure du bilan est arrivé. La direction ne devrait pas rendre public les chiffres avant mars, mais elle a déjà confirmé à Eco89 "être en ligne avec les objectifs fixés". Il y a bien des mobilisations locales contre les fermetures de sites, à Morlaix par exemple. Mais difficile pour les syndicats de mobiliser les 100 000 salariés du groupe, éparpillés sur 10 000 sites. Au final, la plupart des départs ont été vécus par les salariés comme des destins individuels. …

…Individualiser les situations: c'est justement l'une des stratégies de la direction. L'entreprise communique volontiers sur les mesures d'accompagnement et de reconversion individuelles: création d'entreprise ("essaimage"), "projet personnel accompagné", mobilité vers la fonction publique, départ en pré-retraite. "Une façon de faire partir les gens, c'est de les rendre malade" …

Pendant l'année 2008, neuf suicides ont été recensés chez France Télécom. Aucun n'a été qualifié d'accident du travail par l'assurance maladie, ce que dénoncent les syndicats. La souffrance des salariés est dénoncée par les syndicats de tous bords (des radicaux de Sud aux cadres de la CFE-CGC, unis sur cette question.) Mais la direction continue à présenter France Télécom comme "un groupe à l'écoute de ses salariés".

En janvier 2000, une "commission stress" est créée; des cellules d’écoute et d’accompagnement ont également été mises en place. Pour autant, pas question de parler de "malaise" ni de "dépression", encore moins de "suicide". Le langage officiel préfère parler de "risques psycho-sociaux". Tout est question de vocabulaire.

…."Le stress érigé en système de management" Selon un sondage réalisé en Ile-de-France par l'Observatoire du stress et des mobilités forcées (dont les conclusions sont dénoncées par la direction), 70% des salariés interrogés craignent pour l'emploi ou pour leur emploi, et 70% ont le sentiment de ne pas avoir réussi leur vie professionnelle. Pas de quoi s'étonner, pour Pierre Morville du syndicat CFE-CGC: "Pour arriver à faire partir 22 000 personnes, il faut en solliciter au moins le double." .....

Extrait : Rue89 - Lise Barcellini - 11/02/2009

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