L'ancienne présidente du Château de Versailles est passée de la Culture ... - Le Canard Enchaîné

L'ancienne présidente du Château de Versailles est passée du ministère de la Culture à Orange pour mieux mixer les genres.UNE moquette grise un peu « cheap », des fauteuils noirs en faux cuir et des murs blanc hôpital: ça change du parquet qui craque et des boiseries classées du ministère de la Culture... Dans son bureau de 20 m2 au siège d'Orange, au fond du frigorifique XVe arrondissement de Paris, Christine Albanel soupire: « Ah, c'est sûr, ce n 'est pas mon bureau de la Rue de Valois... » Ces rustres du secteur privé n'ont vraiment aucun goût. Heureusement, il y a des compensations. L'ex-ministre de Sarko parachutée chez Orange, en avril 2010, comme directrice de la communication interne et externe avoue « environ » 300 000 euros de revenus annuels - le double de ses anciens émoluments de ministre -, sans compter les futures stock-options qui lui seront attribuées. Pas si mal pour une néophyte, qui n'a pas la réputation d'être un bourreau de travail: « Elle a toujours beaucoup délégué... Au ministère, elle partait tous les soirs à 20 heures », susurre un ancien collaborateur.A 55 ans, elle a fait toute sa carrière dans le public: plume de Chirac à Matignon et à la Mairie de Paris, présidente du Château de Versailles, ministre de Sarko. Cette agrégée de lettres modernes ne connaît rien à la « techno » d'Orange. Pas grave. Quand Didier Lombard, le patron du groupe, qui la connaît à travers les négociations sur la loi Hadopi, lui propose le poste, il veut surtout remplacer sa dircom', Caroline Mille. Surnommée « la Mante religieuse » dans la maison, cette routière de la corn' mène son affaire d'une main de fer mais agace Lombard, à qui elle reproche ses déclarations catastrophiques, comme le célèbre: « Il y a une mode du suicide à FranceTélécom... »La nouvelle dircom' d'Orange s'est surtout illustrée en gaffant dès son arrivée dans une interview au« Figaro » (18/4). « Le rapport au monde compétitif est souvent compliqué, y expliquait Albanel en réponse à une question sur la vague des suicides chez France Télécom. L'évolution rapide [du groupe] a pu focaliser chez certains cette méfiance par rapport aux enjeux de la modernité. » Bref, tout est la faute des salariés, et pas du management! Hurlement des syndicats et pluie de tracts dans les couloirs….… Depuis ce départ en fanfare, notre pro de la corn' a ajouté d'autres cordes à son arc. Chargée de réfléchir à la « stratégie sur les contenus », Albanel a été nommée, début août, présidente duconseil d'administration de Studio 37, la filiale de production audiovisuelle d'Orange. Encore un mélange des genres un peu grossier: « Elle a franchi la ligne jaune, estime Sébastien Crozier, du syndicat CFE-CGC. En tant que ministre, elle avait la tutelle du CNC (le Centre national de la cinématographie) et des aides à la production. Et voilà qu'elle préside l'une des plus grosses sociétés de production! »….Extrait : Les dossiers du Canard Enchaîné – 6 octobre 2010