Ce que n'a pas compris Didier Lombard - La Tribune

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Après Didier Lombard, c'est au tour de France Telecom, qu'il présidait à l'époque, d'être mis en examen pour harcèlement moral dans l'enquête sur la vague de suicides de salariés de l'entreprise en 2008 et 2009. Si l'instruction du dossier devrait durer 18 mois à 2 ans, les plaignants devront prouver qu'il y a eu «intention coupable». Il faudra que soit démontré que l'entreprise et ses dirigeants auraient eu connaissance et toléré un système qui, potentiellement, pouvait conduire les gens au suicide.

Une conscience professionnelle mise à rude épreuve
La seule chose que veut voir et comprendre Didier Lombard c'est la situation financière et le contexte économique, technologique et règlementaire dans lequel évoluait France Télécom

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La qualité du service ne faisant plus partie du travail prescrit, « le ressentiment qui suit la multiplication des problèmes de conscience professionnelle rencontrés par chacun isolément empoisonne l'existence» explique Yves Clot dans son ouvrage « Le travail à cœur, pour en finir avec les risques psychosociaux ». Quand la conscience professionnelle est ainsi mise à rude épreuve, l'intensité de la perte de sens peut alors devenir très forte et générer une souffrance telle qu'elle amène à en perdre le goût de vivre. Et ce d'autant plus qu'elle affecte un métier dont la vocation n'est pas la seule finalité commerciale.


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Le collectif de travail n'est donc pas synonyme d'équipe de travail, cela reviendrait à confondre le fond et la forme, l'équipe étant une entité abstraite alors que le collectif est concrètement habité par l'histoire et la présence des collègues. Le collectif permet qu'un espace existe où le travail peut être débattu où la controverse sur l'objet travail est encouragé », expliquent Jean-Paul Villars et Muriel Jean, psychologues du travail spécialisés en clinique de l'activité.


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Ne plus se sentir comptable avec d'autres de la bonne marche du travail et de son histoire rend malheureux. C'est ce qu'a compris le successeur de Didier Lombard, Stéphane Richard, aidé dans sa tâche de restauration par des sociologues du travail. En redonnant « la main » aux techniciens de France Télécom, sommés auparavant de faire un nombre d'interventions par jour, qu'ils arrivent ou non à réparer la panne, la nouvelle organisation de l'entreprise soigne le chagrin d'honneur de ses salariés.


Des réformes passées aux forceps
L'éventuelle mise en examen du groupe en tant que personne morale arrive donc au plus mauvais moment. « Nous serons très heurtés si France Télécom est mis en examen, car nous sommes tous très attachés à notre maison. Nous avons réussi à reconstruire l'attachement. C'est un processus très compliqué», a expliqué Sébastien Crozier, délégué du syndicat CFE-CGC.

De cette affaire, tous les dirigeants devraient cependant retirer un enseignement : couper l'herbe sous le pieds de la souffrance au travail, du mal être de leurs collaborateurs, c'est prendre le risque du dialogue pour définir les critères du travail bien fait, c'est engager la controverse sur les méthodes, les moyens mis en œuvre et les buts visés, c'est développer le pouvoir d'agir des travailleurs et ne pas se contenter d'agiter devant eux le chiffon rouge de l'emploi pour faire passer aux forceps des réformes décidées dans leurs bureaux et justifiées au seul nom d'une efficacité financière.

Extrait : La Tribune - Sophie Peters - 6 juillet 2012

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