Résultats du T1 2020 : pour l’instant, rien de neuf !

Monde d'après

Tout le monde attendait la publication des résultats du 1er trimestre avec l’espoir d’y lire des perspectives sur l’impact économique de la crise du covid-19 pour Orange. Mais si les résultats publiés le 30 avril sont en ligne avec les objectifs initialement annoncés pour l’année 2020, il faudra patienter jusqu’à la publication du T2 pour identifier la manière dont la crise sanitaire impactera les activités et la performance économique de notre entreprise. En effet, seules les 2 dernières semaines de mars se sont déroulées « sous confinement » dans les pays européens, la vague épidémique n’arrivant que plus tard sur le continent africain.

Pour les personnels, le bouleversement a été instantané : basculement massif en télétravail, fermeture des boutiques, mise en place des Plans de Continuité d’Activité (PCA) sur tous les périmètres, et, malheureusement, déclenchement de l’activité partielle chez Orange Bank et Business & Décision.

La priorité était de paramétrer les réseaux pour qu’ils tiennent face au « Restez chez vous », tant pour nos clients grand public, dont le domicile devait désormais endosser aussi le rôle de bureau, de salle de classe, mais aussi de sport ou de cinéma, que pour les entreprises, dont beaucoup se sont également mises au télétravail du jour au lendemain. Sur le plan technique, comme on l’a vu, Orange a très bien tenu le choc, sans dégrader la qualité de service, ce que nous avons été les seuls à réaliser. Alors que tout le monde s’inquiétait d’une explosion du trafic internet, en France, c’est la voix qui a augmenté de 40%.

Les entreprises basculent en travail à distance

Côté business, ce fut le branle-bas de combat sur le marché E, qui enchaîne un 6ème trimestre de croissance, à +0,8%, identique au T4 2019. L’activité IT (Information Technology, c’est-à-dire offres de services et d’intégration), incluant les filiales de l’UES OBS, a crû plus fortement qu’au trimestre précédent, tandis qu’il a aussi fallu s’activer côté Cyberdéfense, les attaques s’étant multipliées dès le début de la crise sanitaire. Globalement, les revenus ont augmenté de 20% sur l’ensemble des activités de connectivité et de services associés. Dans le même temps, les revenus du roaming sur le mobile sont tombés à zéro, quasiment plus personne ne pouvant se déplacer hors des frontières même pour raison professionnelle. Côté perspectives, c’est la grande inconnue : personne ne peut encore évaluer tous les impacts de la crise économique engendrée par la crise sanitaire, sur les défauts de paiements ou les fermetures d’entreprises, tandis que certains projets sont décalés dans le temps par nos clients.

Marché grand public : retour de la guerre des prix ?

La fermeture des boutiques quasiment partout en Europe a fait chuter les ventes de terminaux et les souscriptions à Orange Bank, et les raccordements Fibre étaient gelés dans la dernière quinzaine de mars, sauf pour les clients prioritaires. Le churn (changement d’opérateur) baisse pendant les périodes de confinement (gelé par le régulateur espagnol, mais pas par l’Arcep en France). En revanche, le confinement induit des baisses de revenus, immédiates ou anticipées, qui orientent les consommateurs vers les offres low-cost.

En France, si l’offre Sosh à 15€ lancée début mars avait permis d’entraîner le marché vers une hausse des prix (2 concurrents avaient remonté leurs offres de 12€ à 14 ou 15€), le confinement a relancé la guerre des prix, et nous a fait perdre les clients dont les offres promotionnelles avec engagement d’un an sont parvenues à échéance pendant la période. En termes de perspectives, notons que la difficulté à déployer les réseaux conduit Free à prolonger son contrat d’itinérance avec Orange, ce qui, comme on l’a vu par le passé, apporte une contribution bienvenue à notre chiffre d’affaires.

Côté Fibre, le trimestre avait bien commencé, ce qui permet de signer un record commercial avec 192K nouveaux abonnements. En termes de perspectives à moyen terme, l’assignation au domicile, qui va durer même si elle s’assouplit progressivement, confirmera l’intérêt des clients pour un réseau domestique de qualité. En revanche, les déploiements et les raccordements connaîtront des difficultés pour retrouver un rythme normal. Ils dépendent en effet d’un très grand nombre d’acteurs, et notamment d’un regrettable empilement de sous-traitants, dont certains délocalisés (comment a-t-on pu imaginer de sous-traiter certaines études FTTH au Maroc via l’utilisation de Google Maps ???), et qui n’ont pas tous la même capacité à rebondir. Souhaitons que nos dirigeants en tirent les conséquences. Nous les interrogeons sur ce point dans les questions écrites que nous leur avons adressées en vue de l’AG des actionnaires d’Orange : pour notre part, nous alertons depuis longtemps sur les risques, de perte de maîtrise et de compétences notamment, qui non seulement anéantissent les économies qu’on croit avoir réalisées en sous-traitant, mais peuvent bloquer totalement l’activité lorsqu’un événement imprévu survient.

Côté régulation, en dépit des propos lamentables tenus par le président de l’Arcep dans la presse, les discussions sont déjà ouvertes en ce qui concerne la réorganisation des calendriers d’engagement. Stéphane Richard, qui indique par ailleurs que cela pourrait prendre un an pour retrouver notre rythme de déploiement habituel, dit qu’il est confiant, et que le régulateur se montre « ouvert ».

Pour finir, notons qu’Orange est désormais N°1 sur le NPS en France (Net Promoter Score, qui permet d’identifier le score net de recommandation client). Est-ce dû au seul fait que nos équipes se sont mobilisées plus vite et plus efficacement que celles des concurrents sur la qualité de service et l’assistance aux clients pendant le confinement ? L’avenir nous le dira.

Europe

En Espagne, 2ème marché du Groupe, le chiffre d’affaires continue de baisser (-2,4%). La fin 2019 avait vu un retournement de notre performance dans la péninsule ibérique. Le marché se polarise aux deux extrêmes, ce qui avait été mal anticipé. Le segment low-cost représente le tiers du marché, tandis que sur le segment « premium », l’ARPO (Average Revenue Per Offer ou prix moyen par offre) a baissé par rapport au trimestre précédent. Le gel du churn par le régulateur espagnol pendant le confinement a retardé le lancement d’offres convergentes sur le segment low-cost, sur lesquelles tablent les dirigeants de la filiale pour relancer la croissance en sortie de confinement.

Dans les autres pays d’Europe, les offres de convergence connaissent une belle croissance (+25,3). En Pologne, l’offre de vente d’électricité (Orange est le 1er distributeur indépendant) a été ralentie, mais nos offres telcos se portent bien, notamment grâce à des offres d’abondance.

Orange Bank  perturbée par la fermeture des boutiques

La fermeture des boutiques a engendré une baisse des ventes, même s’il y a eu un accroissement des ventes par le canal digital. Si pendant le confinement la consommation a globalement baissé, entraînant donc une moindre utilisation d’Orange Bank, le paiement sans contact est particulièrement sécurisant en période de pandémie (cf. la hausse à 50€), et une campagne TV sera réalisée prochainement pour valoriser cet aspect et relancer les usages comme les souscriptions. Le lancement d’une carte familiale, sur le modèle d’Open, est également prévu au T3.

Afrique et Moyen Orient moteurs de la croissance

En Afrique, la pandémie est arrivée plus tard que dans les pays européens : une baisse d’activité n’a été constatée qu’à partir de la dernière semaine d’avril. Les résultats du T1 correspondent donc à une activité normale, avec une croissance de 6% du chiffre d’affaires, pilotée par la data 4G (27%), le haut débit fixe (22%), et toujours Orange Money (22%). Parmi les perspectives, la crise sanitaire pourrait accélérer l’utilisation des services de recharge (top-up) qui permettent d’alimenter à distance n’importe quel compte mobile, donc notamment d’offrir du temps de communication à ses proches, et qui connaissent déjà une forte croissance.

« Jusqu’ici, tout va bien »

Actuellement, les baisses de chiffre d’affaires n’altèrent pas la marge d’EBITDaal (EBITDA after lease), car elles sont compensées par une contraction des investissements (eCAPEX), freinés dans la Fibre, mais aussi par une baisse des frais généraux (plus de déplacements) et de la masse salariale (parts variables, gel des embauches). Notre secteur est résilient, et Orange fait partie des entreprises les plus robustes. La crise sanitaire ne sera cependant pas sans impact, et nous impose de nous adapter pour accompagner les changements économiques et sociétaux qui s’annoncent.

Et demain ?

Sur le plan de l’offre, il s’agit notamment de renforcer les canaux digitaux, et d’accompagner tous les clients dans l’accès et l’usage des services numériques. Sur ce dernier point, il sera intéressant de suivre comment l’entreprise « met en musique » la raison d’être d’Orange (Orange est l’acteur de confiance qui donne à chacune et à chacun les clés d’un monde numérique responsable), soumise à la validation des actionnaires. La CFE-CGC Orange et l’ADEAS ont posé la question.

Sur le plan de la stratégie globale d’Orange, il n’y a pour le moment pas de changement majeur à noter : même si nos réseaux Fibre et 4G ont parfaitement « tenu le choc » pendant le confinement, Stéphane Richard a confirmé que la 5G reste au programme, et que le retard de lancement des enchères, en France et en Pologne, ne sera pas dramatique. Quant aux déploiements de la Fibre, que ce soit en France, en Espagne ou en Pologne, l’entreprise s’emploie à revenir au plus tôt à son rythme nominal.

Si le lancement d’Orange Concessions a été reporté, c’est essentiellement en raison de formalités qui ne pouvaient pas se faire dans de bonnes conditions pendant le confinement, mais le projet est toujours d’actualité. Rappelons à cette occasion qu’il ne s’agit pas de céder tout ou partie des réseaux de Fibre déployés en propre par Orange, dont nous conservons la pleine propriété, mais d’agréger des partenaires autour des réseaux d’initiatives publique (RIP, financés par la puissance publique) dont Orange est concessionnaire pour en réaliser l’exploitation.

En ce qui concerne les TowerCo, où cette fois il sera bien question de faire coter ces actifs en bourse et donc d’en partager la propriété, et n’en déplaise aux analystes qui ont à nouveau insisté sur ce point lors de la conférence de présentation des résultats du T1, rien ne sera lancé avant 2021, après étude du sujet entre fin 2020 et janvier 2021. La CFE-CGC Orange et l’ADEAS sont pour le moment très interrogatifs sur ce projet, qui nous semble préjudiciable à la fois à la valeur de l’action Orange si les actifs les plus prisés étaient cotés à part, mais aussi à leur pilotage optimal au sein de notre écosystème global : le risque existe toujours que la mise en bourse conduise les investisseurs à faire pression sur la recherche des profits maximaux à court terme, alors qu’il s’agit d’actifs à piloter sur le long terme, et en lien avec la stratégie globale de produits et services d’Orange.

S’il est trop tôt pour prédire l’impact qu’aura la crise sanitaire sur notre entreprise, il est cependant indispensable d’y réfléchir dès maintenant.

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