La note d'analyse de la CFE-CGC Orange sur le décommissionnement du cuivre
Rédigé par Sebastien CROZIER le . Publié dans Nos Publications.
Décommissionnement du cuivre
Contexte :
Le cuivre et l’ADSL ont deux limites principales : le débit, relativement faible, ne peut pas être augmenté (inhérent aux caractéristiques du cuivre) ; il se dégrade en fonction de la distance. La mise en place du 100% Fibre, qui n’a pas ces défauts, répond à des enjeux d’aménagement du territoire et d’accès égalitaire au réseau.
Constat :
Le réseau cuivre fait l’objet d’un décommissionnement national : Orange va fermer le réseau (1 million de kilomètres de câbles) dont il est propriétaire. Aucun client ne bénéficiera plus du cuivre fin 2030. Aujourd’hui 16 millions de Français utilisent encore l’ADSL. 162 communes ont déjà été sollicitées, et les fermetures techniques concerneront 2,5 millions de locaux en 2025. Ce plan mis en place par la Direction d’Orange coupe l'infrastructure historique de France Télécom D'ici à 2030, la Fibre optique et le très haut débit doivent remplacer l'ADSL. Plusieurs points de préoccupations existent : un maillage territorial en voie de disparition, le devenir des équipes techniques quand le développement de la Fibre repose en majorité sur de la sous-traitance, la connectivité des territoires et le développement d’une offre de substitution. La CFE-CGC Orange rappelle enfin l’importante des équipements de sécurité gérés grâce au cuivre (alarmes, télégestion…) qui explique la réticence de certaines entreprises à passer à la Fibre.
Proposition :
Emploi et sous-traitance
En interne, la Direction d’Orange semble peu soucieuse de la disparition de son réseau cuivre et par là même de l’activité de ses salariés historiques. Le recours massif à la sous-traitance et à la délocalisation entraîne une diminution de la force au travail et des suppressions d’emplois. En quelques années des milliers de postes ont été supprimés dans les équipes techniques. Le nouveau plan de départ proposé par la Direction pour les seniors (8000 personnes concernées) pourrait encore affaiblir les compétences techniques présentes au sein du Groupe.
- Depuis 2013, le nombre d'employés diminue de 3 000 à 4 000 par an chez Orange. 30.000 postes ont été supprimés en dix ans, soit près de 30% des effectifs.
Ces suppressions de postes affectent directement la qualité du service et l’aménagement numérique du territoire.
La Direction d’Orange a fait le choix de sous-traiter le déploiement de la Fibre à hauteur de 30% de sa force au travail. Ce recours massif – et ses dysfonctionnements – questionne ce modèle en termes de coûts réels, d’image d’Entreprise, d’efficacité opérationnelle et de conservation de la maîtrise des activités dans le secteur des télécommunications.
- Les conséquences de l’explosion de la sous-traitance sont nombreuses : perte de savoir-faire, précarisation des emplois, baisse de la qualité de service et augmentation des délais d’intervention pour les clients
- Plus généralement, la CFE-CGC d’Orange s’oppose au recours aux travailleurs détachés non européens pour le génie civil des infrastructures télécoms. Les règles européennes permettent aujourd’hui à un citoyen étranger extra-européen, ayant obtenu un permis de travail dans un pays de l’UE, de travailler dans n’importe quel pays de l’UE grâce à ce titre. Ce permis de travail devrait être valable dans le seul pays où il a été délivré.
Offre de substitution
La CFE-CGC Orange soutient le 100% Fibre comme offre de substitution, mais le passage à la Fibre pour tous d’ici 2030 lui semble illusoire en termes de délais. Elle alerte également sur la qualité du réseau qui pourrait avoir une durée de vie moindre que celle annoncée.
Concernant l’offre satellitaire, la CFE-CGC Orange exprime ses plus vives réserves d’un point de vue technique et de souveraineté. Starlink présente des failles importantes sur les questions des interceptions judiciaires, et de la suspension de l’accès à certains services en cas de circonstances exceptionnelles (cf. Tik-Tok en Nouvelle Calédonie, et arrêt du Conseil d’Etat du 1er avril 2025 validant le principe de bloquer l’accès à certains réseaux dans certaines circonstances).
Il est par conséquent essentiel de :
- Mettre en place un accompagnement extrêmement robuste des populations les plus fragiles.
- Fibrer et décommissionner « proprement » sans incidence de rupture de service. Cela implique, préalablement au décommissionnement, d’anticiper le passage à la Fibre pour permettre une bascule. Le réseau cuivre ayant été construit dans les années 70/80, c’est un écosystème qui nécessite une « culture », la direction d’Orange semble pourtant minimiser l’importance de la maîtrise et l’expérience de ses ingénieurs.
Retrouvez la note en PDF :
n2_les_notes_de_la_cfe-cgc_orange_decommissionnement_du_cuivre_100__fibre.pdf



