Procès France Télécom, jours 33 à 35 : « une violence propre sur elle »

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Photo : Thomas Samson / AFP

En l’absence d’articles, autres que payants (à lire dans L’Humanité – Kareen Janselme – 03/07/2019 et encore L’Humanité – Cécile Rousseau – 04/07/2019), concernant le procès France Télécom, depuis le début, voici un résumé, confectionné à partir du fil Twitter de la journaliste de L’Humanité Cécile Rousseau.

Le lundi 1er juillet marquait le dernier jour des audiences de témoignage avant les plaidoiries.

Parmi les témoins du jour, Michel Lallier, président d’ASD pro, association d’aide aux victimes qui s’est portée partie civile, explique que le déni des prévenus est « une stratégie essentielle du modèle managérial de France Télécom » pour « masquer les effets délétères » de son organisation du travail, et empêcher que les suicides, tentatives de suicide, et troubles psychologiques des salariés soient imputables à l’entreprise – et donc indemnisables par cette dernière. Tous les salariés qui sont restés « sont-ils restés en bonne santé ? », interroge-t-il, expliquant que le stress post-traumatique peut se manifester « 10 ans après ».

Pour sa part, Monique Cribon, sociologue et auteure d’un rapport pour l’Observatoire du stress, qualifie de « violence propre sur elle » les mécanismes à l’œuvre chez France Télécom à l'époque des faits. « Stress, harcèlement, mise au placard, mobilité "volontaire" forcée ont constitué un système RH renvoyant à un fonctionnement global » assure-elle. « Je ne sais pas si les dirigeants étaient pervers, méchants, mais ils étaient informés des effets du système. Ils ont refusé d’entendre les alertes. »

La 34ème journée du procès, le mardi 2 juillet, a marqué le début des plaidoiries des avocats des parties civiles. Voilà quelques verbatims de ceux qui se sont succédé à la barre pour plaider les causes des salariés ou de leurs familles, et tenter de démontrer comment les pratiques à l’œuvre chez France Télécom à cette période relevaient d’un « harcèlement moral organisé à l'échelle d'une entreprise par ses dirigeants » :

« 32 suicides, c’est la face émergée de l’iceberg, combien de vies broyées ? » « En réalité, plusieurs milliers de salariés auraient pu se constituer partie civile ». « Certains avaient des failles, ils étaient des cibles privilégiées pour France Télécom,  et ces mêmes faiblesses sont utilisées par la défense pour expliquer leur suicide ».

« Comment peut-on discuter qu’il y ait un lien avec le travail avec une telle chronologie ? » « Le harcèlement moral reste un délit intentionnel, (…) il suffit d’avoir conscience de l’effet susceptible d’être produit par ces agissements : les prévenus n’échapperont pas à cette définition ».

« Comme expliquer par un pur hasard que les mêmes souffrances soient éprouvées de Quimper à Besancon ? On ne peut l’expliquer que parce que cela vient d’en haut. » « Quel souci a-t-on eu de l’humain dans cette politique axée sur le cash flow, le dividende des actionnaires ? »

« Ce sentiment du travail bien fait [de la part des prévenus] est insupportable pour les victimes. » « Le comportement de France Télécom n’est pas immoral, il est délictueux ». « Nous jugeons le choix d’une politique d’entreprise dont la variable d’ajustement a été l’humain ».

La 35ème journée a notamment été marquée par les plaidoiries des avocats de plusieurs syndicats.

« Le chemin causal à ces suicides et ces tentatives de suicide, c’est une politique d’entreprise basée sur le management par la terreur. Combien fallait-il de morts pour que le ballon ne soit plus poussé ? » « On n’a rien entendu, car on a refusé d’écouter. C’est donc le procès de l’aveuglement managérial. »

« On a pensé dans les hautes sphères que le personnel pouvait être traité comme de la matière première. »

« Quand on est victime, ce n’est pas le silence du recueillement qu’on entend, c’est celui du mépris. »

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