Procès France Télécom, jours 27 et 28 : « on a poussé le ballon un peu trop loin »

didier lombard 052019

Photo : Charles Platiau / Reuters

La 27ème journée d'audience, qui s’est déroulée le jeudi 20 juin, n’a été relatée dans aucun article de presse, mais on peut en faire un court résumé, à partir du fil Twitter de la journaliste de L’Humanité Cécile Rousseau. Le tribunal s’est tout particulièrement penché sur la question des réorganisations et des mobilités, « coeur palpitant du dossier », selon la présidente. Selon l’ordonnance de renvoi devant le tribunal, elles sont constitutives d’un harcèlement moral, dans la mesure où elles sont « multiples et désordonnées ». En raison des divers métiers, des complexités technologiques, et de l'organisation de l’entreprise, il est difficile d'identifier concrètement le contenu des réorganisations, et de savoir qui en est à l’initiative. La présidente estime toutefois que les réorganisations découlent d'une politique globale, car elles sont mises en œuvre par les gens qui ont le pouvoir dans l'entreprise. Quel est le lien entre la politique anxiogène à l’œuvre à cette époque à France Télécom et les plans Next et Act ? Pour certains témoins, « c'est évident, c'est flagrant ». Pour les dirigeants, « c'est concomitant, accidentel ». « A l'aune du dossier, il y aurait une instrumentalisation de ces outils là au service de la déflation », estime la présidente.

Les prévenus contestent la désorganisation de ces réorganisations, qui répondent selon eux à des exigences technologiques. Par ailleurs, ils nient toute politique globale en la matière : « je ne sais pas comment on peut piloter une déflation avec des réorganisations », affirme Louis-Pierre Wenès, qui se dit révolté par cette accusation.

Lors de la 28ème journée d’audience, le vendredi 21 juin, est projeté un film de Serge Moati. Commandité par Didier Lombard, il devait à l'origine mettre en valeur les fiertés de l’entreprise. Stoppé par le P-DG suite à la crise, il fait l’objet d’une nouvelle commande, de la part de la direction de communication (« on va montrer cette crise et comment on en est sorti »), il ne sera jamais diffusé, hormis au Comité exécutif du groupe.

La caméra de Serge Moati visite les sites, et beaucoup de salariés sont interviewés, dont certains en extrême souffrance et plein d’émotion, notamment au moment d’évoquer le suicide « militant » de Michel Deparis, « un sacrifice qu’il a fait pour nous réveiller ». Didier Lombard est questionné : « on a raté une marche et quelle marche ? » « On a poussé le ballon un peu trop loin », admet le dirigeant. « On disait aux gens "Vous gardez votre emploi", (…) je pensais que ça suffisait, mais ça ne suffisait pas », concède Delphine Ernotte, à l’époque Directrice commerciale France.

Invité à réagir, le DRH Oliver Barberot affirme : « à aucun moment, je n'ai senti que ce thème des risques psycho-sociaux devenait important ». « C’est pire que du cynisme, c’est de l’incompétence », lui rétorque la présidente du tribunal. Quant à Louis-Pierre Wenès, il continue de refuser de parler de crise, ni de politique globale.

Plus d’informations dans L’Express – 21/06/2019

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