Fiers, engagés, mais démotivés… Une déclaration de la CFE-CGC

Notre déclaration embarque des interrogations sur notre performance, nos activités et les projets professionnels qui peuvent en résulter. Elle embarque aussi des préoccupations et des émotions. Le contexte économique, sociétal et environnemental de nos sociétés ne permet pas, ou plus, à certains de rêver. Il interpelle et questionne, sur le monde que nous promettons à nos enfants et aux générations futures.

La grosse, grosse majorité, des salariés de notre périmètre a vécu l’époque où les programmes de transformation, Odyssée ou Vanille, pour ne citer que les deux derniers ayant impacté la Recherche et l’Innovation du Groupe, ont pris en compte la déclinaison des plans stratégiques de l’entreprise. Les Directions de la Division, aujourd’hui Orange Innovation, se sont alignées sur des process afin d’atteindre les objectifs fixés. Les salariés ont été à l’écoute, se sont adaptés, se sont formés, ont pu aussi faire évoluer leur projet professionnel. Ils sont conscients des enjeux auxquels le Groupe était/est confronté et des défis qu’il convient de relever.

Engagés et fiers de l’être, mais démotivés, ces salariés n’entendent plus parler aujourd’hui de programme de transformation ou de réorganisation, mais d’évolution d’organisation, de flex  et d’ingénierie sociale dans un contexte où :

  • ils sont éprouvés par d’incessants « ajustements d’organisation » ou « réorganisation à bas bruit », une pression à répétition sur les budgets, une actualité concurrentielle propre à remettre en cause des priorités posées, ainsi que les projets ou solutions qui en découlent,
  •  ils sont récemment sortis de la crise sanitaire, se sont adaptés aux logiques de télétravail auxquelles sont associées de nouvelles méthodes de travail, auxquelles sont aussi associés des environnements de travail modifiés, ou en cours de modification, selon des principes d’ingénierie sociale encore bien flous,
  • ils sont marqués par la guerre en Ukraine et ces incidences économiques et sociales, par la crise financière qui impacte entre autre leur pouvoir d’achat ; ils sont aussi marqués par les enjeux de sobriété énergétique,
  • ils vivent les impacts de l’accord intergénérationnel avec des déclinaisons locales GPEC peu lisibles, avec des départs en TPS non remplacés induisant dans certaines directions une évolution des activités ou une priorisation ou dépriorisation de certaines missions prenant en compte les charges et sous-charge de travail plus que des rôles qui évoluent,… ou encore avec une fluidité permise quasi exclusivement vers les filiales,
  • enfin, ils se sentent, aussi, bien seuls, et hors du collectif, lorsque la presse se fait l’écho d’une éventuelle cession d’Orange Bank (Les Echos) ou de la vente des boutiques Orange à GDT (BFM TV). Sans oublier l’article du Figaro paru la semaine dernière à l’occasion du salon de la Recherche et de l’Innovation qui donne une image déplorable de l’organisation du groupe quant à son innovation.  Et sauf preuve contraire, l’entreprise n’a livré aucun éclairage en interne Groupe à ce jour concernant ces sujets. 

Au-delà de ces constats, la CFE-CGC, souligne que les exigences de sobriété énergétique s’inscrivent plus que jamais en toile de fond des préoccupations de nos sociétés civiles.
Les politiques nationales, du monde industriel et commercial sont sous les feux des radars. Les salariés des entreprises se sentent pleinement concernés et ont la volonté d’être acteurs face à des enjeux, non pas de décroissance mais de croissance raisonnée.
 
 A ce titre, Jean Marc Jancovici, associé fondateur de Carbone 4, Fondateur et président de The Shift Project, que la CFE-CGC Orange a eu le plaisir de recevoir à l’occasion de son dernier séminaire, (voir la video sur ce site) expliquait que : 

  • « Si on se réfère au climat préindustriel, qui est le climat que nous avions avant que ne démarrent les activités industrielles il y a 2 siècles, la température de la planète s’est réchauffée d’un peu plus d’1,1 degré. Ce réchauffement est pour parti irréversible, c’est-à-dire que même si on arrêtait une partie des émissions, la température planétaire cesserait d’augmenter mais ce réchauffement serait toujours là dans 10 000 ans ».
  • « Aussi, limiter le réchauffement climatique au sens, faire disparaitre le réchauffement qui a déjà eu lieu, n’est déjà plus possible »,
  • « Pour arriver à limiter le réchauffement à moins de 2 degrés - engagement de l’accord de Paris, cela suppose qu’on ne mette pas plus d’une certaine quantité de CO2 dans l’atmosphère. Or, comme le CO2 est un oxyde - un oxyde de carbone - autrement dit une molécule qui n’a pas de processus spontané d’épuration. La seule manière de retirer du CO2 de l’atmosphère c’est d’attendre :
  • soit qu’il soit dissout dans l’océan ,
  • soit qu’il soit repris pas les écosystèmes à supposer que les écosystèmes veuillent bien la reprendre et qu’ils se portent suffisamment bien pour ça.

Ce qui veut dire que la quantité totale de CO2 qu’il y aura d’ici 2100 ne dépend que de la quantité de CO2 qu’on émettra d’ici 2100… La quantité émise donne le degré de réchauffement. Ainsi, Jean Marc Jancovivi indiquait que « pour limiter le réchauffement à 2 degrés, il faudrait que les émissions planétaires baissent de 5% par an tous les ans à partir de maintenant. Pour rappel, - 2% c’est ce qu’on a eu l’année de la Covid. Il faudrait organiser une récession annuelle de 3 à 4% dans le monde ».
Selon le président de The Shift Project : « limiter le réchauffement de notre planète, signifie entrer en économie de guerre si on veut être au bon niveau. »


« Alors qui doit agir » ? interroge-t-il.


« En économie de guerre : tout le monde ! » affirme-t-il. Il ajoute que les états doivent exposer une politique claire avec des attendus précis à courts et moyens termes, que chacun des états prennent ses responsabilités, que les entreprises doivent exposer, en fonction des plans globaux, des objectifs soutenables et transparents propres à assurer leur pérennité, et qu’enfin les individus s’emparent pleinement de ce qu’il reste à transmettre aux générations futures. Cela signifie que chacun va devoir faire sa part et le consensus doit naitre dans la population où un sentiment d’urgence et une envie d’agir se manifestent.

Pour l’entreprise industrielle par exemple la responsabilité engagée doit prendre en compte : l’empreinte économique, soci(ét)ale et environnementale de ses activités sur les territoires où elle opère. Il s’agit de garantir à toutes les parties prenantes de justes résultats allant jusqu’à offrir des solutions qui soit réellement adaptées aux stricts besoins des clients : de la 5G là où c’est nécessaire, comme de la fibre là où l’environnement s’y prête, du respect de la vie privée là où la sécurité publique n’est pas menacée, ou encore des exigences afin de lutter contre l’obsolescence programmée, pour ne citer que ces trois exemples.

Continuant sa plaidoirie en faveur de l’environnement, Jean Marc Jancovivi s’est focalisé sur les entreprises en se demandant si elles se saisissaient suffisamment de ces enjeux ? La réponse est clairement NON !


Pour lui, « la personne qui doit s’en saisir chez Orange se prénomme Christel Heydemann et si on voulait être sérieux, il faudrait qu’elle y passe 1 jour/semaine. C’est l’ordre de grandeur du temps qu’il faut y passer et c’est le niveau hiérarchique qui doit être concerné. C’est LA personne qui doit appuyer très fortement sur l’accélérateur. Dans les entreprises qui font des efforts, le.la chef d’entreprise y passe du temps. L’impulsion vient d’elle/de lui ! »

Alors, la CFE-CGC vous pose les questions suivantes :

- comment comptez-vous accompagner les salariés dans ce contexte de démotivations et de fortes incertitudes, comment pensez-vous offrir des perspectives, tout en limitant les RPS ?

- comment allez-vous restaurer la confiance et embarquer les premières parties prenantes de l’entreprise que sont les salariés ?

- dans le prolongement de cette question, les salariés s’interrogent sur le terme « ingénierie sociale », terme qui a récemment remplacé d’autres termes tels que « transformation », « réorganisation » ou « évolution d’organisation, espaces dynamiques ou flex, etc. ; les salariés méritent des précisions rapides et transparentes sur le sujet. ; quand envisagez-vous de partager aux élus le programme que ce terme embarque ?

- ces mêmes salariés manifestent le besoin de disposer en partage des analyses d’impacts relevant des projets d’ingénierie sociale, analyse qui, pour tout ce qui relève des transfo, réorganisation ou évolution d’organisation, flex et autres, permet de prévenir les risques auxquels ils peuvent être exposés ; à ce stade, une méthodologie d’évaluation des risques pour toute évolution , y compris celle liée à des fermetures de projet est utilisée ; les salariés demandent à ce que ces analyses soient présentées ; quand pensez-vous présenter de façon transparente et ajustée ces analyses d’impacts, ainsi que les risques associés et les solutions pour les prévenir ?

- enfin, à l’échelle d’Orange Innovation, quels objectifs de sobriété énergétique avez-vous fixé pour notre Division et pour chacune de ses Directions ?

Par Ghislaine de Salins et Véronique Garnier

Responsabilité Sociale et Environnementale

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