Résultats T3 2013 : la CFE-CGC écrit aux Ministères pour suspendre le versement d'un dividende

La publication des résultats d'Orange pour le 3ème trimestre 2013 intervenue ce mercredi fait apparaître :


- la poursuite de la dégradation du chiffres d'affaires et des marges en France, en dépit d'une bonne remontée de la dynamique commerciale, tant sur le fixe que sur le mobile


- un rythme de suppressions d'emploi qui s'accélère dans le groupe Orange en France, les départs en retraite ou en Temps partiel Seniors n'étant pas compensés par des embauches équivalentes : 2 700 suppressions nettes ont déjà eu lieu depuis le début de l'année, et on s'achemine vers 3 500 suppressions nettes pour 2013


- une promesse de dividende de 0,80 € par action au titre de l'exercice 2013, qui amènera l'entreprise à verser un dividende supérieur à ses bénéfices pour le second exercice consécutif. L'analyse montre que près des deux tiers de ce dividende reviendront... à des fonds de pension étrangers, sans aucun bénéfice pour l'économie française.
 
La CFE-CGC adresse donc une lettre ouverte au Ministère du Redressement productif, avec copie aux différents ministères concernés par ce sujet, pour demander la suspension du dividende au titre de l'exercice 2013, qui permettra à Orange de récupérer instantanément 2 milliards d'euros, pour continuer d'investir notamment dans les réseaux à très haut débit, en stoppant l'hémorragie des emplois.

Télécharger le pdf du courrier :
pdfCourrier Ministere redressement productif emplois et dividende 25octobre2013.pdf

 

Monsieur le Ministre du Redressement productif,
Madame la Ministre de l’Économie numérique,

Comme beaucoup de citoyens français, nous sommes particulièrement sensibles à vos appels au patriotisme économique : nous aussi prônons le « made in France » et le retour au développement industriel porteur d’emplois et de richesses pour notre pays.

Dividende supérieur aux bénéfices…
versé pour près des deux tiers à des fonds de pension étrangers !!

Cependant, l’État français, actionnaire de référence d’Orange avec 27% du capital, continue d’exiger le versement d’un dividende qui non seulement sera, pour le second exercice consécutif, supérieur au résultat net de l’entreprise, et dont quasiment les deux tiers, soit 1,3 milliard d’euros seront versés… à des fonds de pension étrangers !!! Donc sans aucun bénéfice pour l’économie française.

Au titre de l’exercice 2012, Orange a versé un dividende de 0,78 € par action, pour un résultat net par action de 0,31 €. Pour l’exercice 2013, Orange annonce dans la présentation de ses résultats du 3ème trimestre un dividende « au minimum de 0,80 € par action », alors que le chiffre d’affaires et la marge ont continué de se dégrader, sous la double pression de la crise économique et d’une concurrence devenue destructrice de valeur depuis l’introduction du 4ème opérateur mobile en France. Les résultats 2013 ne seront donc pas meilleurs que ceux de l’an dernier.

3 500 emplois détruits chez Orange en France en 2013.

Les conséquences d’une telle pression financière sur notre entreprise sont d’ores et déjà visibles : 2 700 emplois ont été supprimés dans le groupe Orange en France depuis le début de l’année (page 7 de la présentation des résultats). On s’achemine vers plus de 3 500 suppressions nettes à la fin de l’année.

Elles se font certes sans plan social, les départs en retraite ou en temps partiel seniors alimentant pour l’essentiel l’hémorragie des emplois, qui ne sont pas compensées par des embauches au même niveau, et donc beaucoup plus discrètement que les plans de restructuration d’Alcatel-Lucent ou la liquidation de The Phone House, qui laisseront cette année plus de 2 000 salariés sur le carreau.

Mais dans l’entreprise, cette compression des effectifs a des conséquences directes sur les conditions de travail de ceux qui restent : le nombre d’abonnés ne cessant d’augmenter, mais avec des tarifs unitaires plus bas que jamais, l’activité est loin de diminuer dans les mêmes proportions que le chiffre d’affaires. Ce sont les mêmes personnels, durement éprouvés par une crise sociale dans précédent dans une entreprise française il y a à peine 3 ans, qui doivent continuer de faire toujours plus avec toujours moins. Moins de collègues, moins de moyens (la France portant 70% des économies réalisées au 3ème trimestre 2013, dans la continuité des précédents trimestres)… et moins de pouvoir d’achat : comme on peut le lire dans la présentation précédemment citée (page 19), l’augmentation moyenne des salaires du personnel français d’Orange a été de 1,95%, pour 3,90% dans le reste du monde.

A l’échelle de l’économie nationale, ces suppressions de postes rendront plus difficiles encore « l’inversion de la courbe du chômage », qui hélas apparaît chaque jour davantage comme une incantation que comme une réalité ! Elles contribuent en outre à la désertification économique des zones les moins peuplées, car c’est dans les régions, où le personnel d’Orange est plus âgé que la moyenne, que les départs sont les plus massifs, s’accompagnant de la fermeture des petits sites, dont les boutiques des villes moyennes, avec des effets négatifs en cascade sur les économies locales.

Dans la filière des télécommunications française, plus de 10 000 postes auront été détruits d’ici la fin de l’année 2013 (plus de 2 500 chez les équipementiers, dont Alcatel-Lucent, entre 5 et 7000 dans les centres d’appels, entre 900 et 1 200 chez The Phone House, 1 400 chez SFR et Bouygues Telecom, et 3 500 chez Orange). Nous n’avons pour notre part vu aucune perspective d’embauches équivalentes dans la filière, et avons beaucoup de difficulté à partager l’optimisme de Madame Pellerin lorsqu’elle indique que la création d’emplois repart dans le secteur.

Quelle justice sociale, quel patriotisme économique,
et quelles perspectives pour les personnels d’Orange ?

Comment les Ministères peuvent-ils demander aux entreprises françaises de faire preuve de patriotisme économique lorsque l’État ne relâche pas la pression, ni sur le dividende, ni sur les taxes qui pèsent tout particulièrement sur l’opérateur historique (pour mémoire, par rapport à 2007, Orange paie chaque année plus d’un milliard d’euros de taxes nouvelles) ?

Dans quelle promesse les personnels d’Orange peuvent-ils puiser l’énergie de se mobiliser toujours plus, quand les seules perspectives qu’on leur offre sont de nouvelles réductions d’effectifs et de moyens, quand ils voient les résultats de leur entreprise se dégrader chaque jour davantage, mettant sa pérennité en danger ?

Les actionnaires continuant de toucher un dividende quoiqu’il arrive pendant que les personnels sont mis à la portion congrue, où est la justice sociale qu’ils sont en droit d’attendre dans une entreprise dont l’État, sous un gouvernement qui se dit social, est l’actionnaire de référence ?

C’est au titre du patriotisme économique que nous appelons aujourd’hui l’État et le gouvernement français à prendre une décision courageuse pour assurer le futur de notre entreprise.

Orange a besoin des 2 milliards d’euros du dividende pour poursuivre ses investissements dans la 4G mobile et le FTTH, sans continuer à supprimer massivement des emplois. Les personnels ont besoin d’un signal fort pour avoir l’assurance que leurs efforts ne sont pas dispensés en pure perte, et la sérénité nécessaire pour se projeter dans la conquête de nouveaux clients comme dans le développement d’offres innovantes susceptibles de permettre un retour à la croissance du chiffre d’affaires, non seulement pour notre entreprise, mais aussi pour celles de la filière qui seront nos partenaires pour lancer ces nouveaux services.

Accepter la suspension du versement d’un dividende au titre de l’exercice 2013, c’est rendre des perspectives à notre entreprise. C’est aussi un symbole fort qui permettrait peut-être d’accréditer enfin l’idée que ce gouvernement « lutte contre la finance sans visage » et se mobilise vraiment pour l’emploi.

Espérant que notre requête sera (enfin) entendue, et que votre Ministère saura convaincre de la nécessité de desserrer l’étau financier qui enferme notre entreprise, nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, Monsieur le Ministre, l’expression de notre très haute considération.

Copie :

  • Monsieur le Ministre de l'Économie et des Finances
  • Monsieur le Ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue Social
  • Monsieur le Premier ministre

Economie et Réglementation des Télécoms Emploi & Métiers Seniors, TPS, Fin de carrières Participation, Intéressement et Actionnariat

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