Vente de SFR : quelles conséquences pour les personnels d’Orange ?
Rédigé par Sébastien Crozier le . Publié dans Nos Éditoriaux.
Quelles conséquences pour les personnels d’Orange en cas de vente de SFR ?
L’annonce de la vente de SFR interroge le secteur, anime les médias et les rumeurs. Avec une question chez Orange : que va-t-il advenir des personnels ?
Patrick Drahi a levé le voile : une fois la dette restructurée, SFR sera à vendre. Deux scénarios se dessinent, chacun porteur de bouleversements majeurs.
Scénario 1 : La vente à un groupe étranger
Imaginez un nouvel acteur venu d’ailleurs, prêt à injecter des milliards dans un réseau à bout de souffle. Les géants européens ne sont pas candidats : trop peu d'intérêt dans la consolidation européenne, trop de contraintes locales, trop peu de rentabilité. Mais d’autres pourraient lorgner sur le marché français dans une stratégie d'influence : Telmex, Bharti-Airtel, Etisalat, Ooredoo, STC… Des puissances financières capables de réveiller SFR. Si l’État ouvre la porte, c’est le retour assuré d’un SFR conquérant, prêt à relancer la guerre des prix. Résultat : une course folle à la baisse des prix, des marges écrasées, au prix d'une dégradation de la qualité avec au bout du compte des personnels qui paient la facture.
Scénario 2 : La vente à la découpe et la consolidation
L’autre option : le démantèlement. SFR se fragmente, ses actifs s’éparpillent. Le secteur se resserre autour de trois opérateurs. Bouygues Télécom, déjà partenaire de SFR sur 11 500 sites, pourrait être le grand gagnant. Orange, en plus de voir sa position de leader historique remise en cause, verrait surgir un rival redoutable sur le marché entreprises. L’Autorité de la Concurrence et l’ARCEP pourraient imposer à Bouygues des "remèdes" : cession de "La Poste Mobile", redistribution des boutiques et des fréquences, principalement au bénéfice de Free, mais aussi d’Orange... Un jeu de chaises musicales où chaque décision pèserait sur l’avenir de nos emplois.
Un tournant pour l’emploi et le secteur français des télécommunications.
Mais au-delà des chiffres et des parts de marché, l’enjeu est colossal : la consolidation à trois opérateurs (comme en Chine, aux USA et même en Grande Bretagne ou en Allemagne), c’est l’opportunité pour les gouvernants de notre pays d'organiser le rapatriement en France de plus de 25 000 emplois et d'améliorer de 700 millions d’euros par an notre balance des paiements. Les Allemands n’ont jamais délocalisé, faute de germanophones à l'étranger. Recréer de l’emploi, c’est réduire le chômage, former les talents de demain, renforcer nos régimes sociaux, et améliorer le budget de l’État.
C’est aussi l’occasion de bâtir autour d'Orange un réseau fibre unique, fournissant un service universel, à l’image d’Enedis pour l’électricité. Fini les zones blanches et les réseaux morcelés : chaque Français aurait droit à la Fibre, partout sur le territoire. Un atout pour l’efficacité, la sécurité et la maintenance du réseau fibre en France.
Une décision politique majeure
L’avenir de l’emploi chez Orange, comme chez nos concurrents, dépendra du courage de l’Autorité de la Concurrence, de l’ARCEP et de l’État. Oui, le consommateur pourrait voir sa facture grimper de quelques dizaines de centimes par mois. Mais le citoyen et notre pays y gagneraient bien plus : allégements social et fiscal, cohésion sociale, aménagement du territoire, souveraineté numérique.
Ne laissons pas passer cette chance. L’emploi, la solidarité et l’avenir de notre pays valent bien plus qu’une guerre permanente au nom du dogme de la concurrence, prétendument source de bonheur.
Saisissons cette opportunité pour bâtir, ensemble, le futur des télécoms français !
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