Résultats de l’enquête triennale sur les conditions de travail et le stress du Comité National de Prévention du Stress (CNPS)
Rédigé par Phillipe DROUET le . Publié dans CSEC UES Orange.
Le Comité National de Prévention du Stress a lancé fin 2024 une enquête sur les conditions de travail et le stress au sein du groupe Orange en France. Cette enquête, réalisée par Sécafi, a recueilli 32 534 réponses.
Elle permet d’analyser les perceptions des salariés sur divers aspects tels que la charge de travail, le stress, la qualité des relations sociales, la sécurité de l’emploi, et l’impact des réorganisations.
Entre 2021 et 2024, l’effectif total du groupe Orange en France a diminué de 20 %, passant de 66 942 à 53 426 salariés. La baisse concerne principalement Orange SA, tandis que les filiales ont connu une augmentation de 11 %. La pyramide des âges montre un vieillissement des personnels ainsi qu’une baisse de la proportion de femmes.
Les résultats affichent une baisse de la perception de sécurité d’emploi 50 % des salariés considèrent que leur emploi est menacé, contre 33 % en 2021. La dégradation concerne aussi la fierté d’appartenance, qui a chuté passant de 41 % en 2021 à 21 % en 2024,
Une augmentation du stress est observée, notamment chez les salariés en contact avec la clientèle. Par ailleurs, la digitalisation et les réorganisations fréquentes sont perçues comme des facteurs de stress et d’insécurité.
L’enquête met en évidence un besoin accru d’écoute, de reconnaissance et d’accompagnement lors des changements. Elle fournit une base de données accessible à tous les acteurs de la prévention pour élaborer des plans d’action visant à améliorer les conditions de travail et à réduire les risques psychosociaux.
Analyse de la CFE-CGC
L’enquête triennale CNPS 2025 menée auprès des salariés du groupe Orange en France révèle une situation extrêmement préoccupante. Avec plus de 32 000 réponses, le taux de participation en 2024 connait une forte augmentation, (55% pour la maison mère). La Direction a choisi de ne pas communiquer sur l’enquête CNPS, ni d’inciter à répondre ; pourtant le taux de participation témoigne d’un besoin urgent d’expression des salariés.
Les résultats mettent en évidence une dégradation significative de la situation sociale depuis 2022. L’intensité du travail reste en crise depuis 2012, aggravée par une externalisation massive (jusqu’à 80%) qui rend les activités restantes plus complexes, avec des procédures mal définies et un manque de coopération entre services. Par ailleurs, le dépeuplement lié aux départs en pré-retraite non remplacés augmente la surcharge de travail pour les salariés restants.
L’inquiétude concernant la sécurité d’emploi s’est intensifiée, avec une chute spectaculaire de 33 points du sentiment de sécurité en 2024, et 67% des salariés craignent un changement indésirable dans leur situation professionnelle. La fierté d’appartenance à l’entreprise a également diminué de 19 points, notamment en raison des plans de départs volontaires et de situations graves comme des suicides, qui ont suscité une forte émotion collective.
L’autonomie au travail, qui aurait dû s’améliorer avec l’augmentation du niveau de qualification, est restée stable depuis 2012. Les réorganisations se sont multipliées entre 2021 et 2024, avec une perception négative de leur accompagnement. Leur nombre accru est corrélé à une augmentation des incidents graves, y compris des suicides sur certains périmètres.
Malgré ces difficultés, certains points d’ancrage positifs subsistent. Le soutien entre collègues est très apprécié, avec 84% partageant leurs savoir-faire, et le collectif d’équipe se renforce. La confiance dans les représentants du personnel a également progressé de 5%, renforçant leur rôle de protecteurs face à la dégradation sociale. En revanche, la reconnaissance individuelle, notamment en termes de rémunération et de perspectives d’évolution, reste insatisfaisante, avec 68% de salariés mécontents de leur rémunération et 44% estimant les entretiens individuels inutiles.
Le soutien hiérarchique de proximité s’est amélioré, mais la perception de leur influence sur les transformations de l’entreprise se réduit, avec seulement 61% des managers de proximité estimant que leur avis est réellement pris en compte. La direction générale d’Orange apparaît déconnectée de la réalité du terrain.
Tous les indicateurs de risques psychosociaux sont en alerte, reflet d’une politique sociale en échec depuis 2022. Une crise sociale majeure pourrait se profiler.
La Direction doit réagir rapidement. Le CNPS a engagé un travail de fond pour proposer des mesures de prévention, et la délégation CFE CGC appelle la Direction à soutenir ces préconisations avec attention, responsabilité et audace.
Retrouvez l’intégralité de l’intervention ici