NAO SALAIRES 2025 : Tout pour les riches
Rédigé par CFE-CGC Orange le . Publié dans Rémunération.
Chaque année, la Négociation Annuelle Obligatoire (NAO) devrait être un temps fort du dialogue social, un moment où la Direction reconnaît l’engagement des personnels et compense la perte de pouvoir d’achat subie face à l’inflation. Pourtant, une fois encore, la NAO 2025 se traduit par un profond déséquilibre entre les discours et les actes.
Alors que les salariés continuent de subir la hausse du coût de la vie, la Direction d’Orange choisit d’accroître les avantages accordés aux plus hauts niveaux hiérarchiques, tout en maintenant une politique salariale restrictive pour la grande majorité des personnels. Derrière les chiffres officiels – une enveloppe globale de 2,2 % et des augmentations individuelles décidées sans transparence – se cache une réalité : la stagnation des salaires, l’aggravation des inégalités et le découragement grandissant de celles et ceux qui font vivre l’entreprise au quotidien.
Dans le même temps, les dirigeants s’octroient des augmentations et des distributions massives d’actions gratuites, à hauteur de 40 millions d’euros, pendant que les efforts demandés aux équipes ne cessent de s’intensifier. La politique salariale actuelle, couplée à la réduction des effectifs et à la montée en puissance de la sous-traitance, installe durablement une logique d’austérité incompatible avec les ambitions affichées d’Orange.
Face à cette situation, la CFE-CGC Orange dénonce un accord injuste, opaque et socialement dangereux. Nous réaffirmons notre exigence d’une revalorisation durable des salaires, d’une transparence totale sur les critères de rémunération et d’un partage équitable de la valeur créée.
Le tract (ci-dessous) revient sur les faits, les chiffres et les positions défendues par la CFE-CGC Orange pour que le pouvoir d’achat, la reconnaissance et la justice sociale retrouvent enfin leur place au cœur du dialogue social.
Tout pour les riches !
Une fois de plus la négociation annuelle obligatoire (NAO) n’a été ni l’occasion de permettre aux personnels de retrouver le pouvoir d’achat perdu par les années de forte inflation, ni de récompenser leur engagement.
La Direction continue de servir ses propres intérêts en augmentant les rémunérations des plus hauts niveaux de la grille (bande G) à un rythme très soutenu et de distribuer des actions gratuites à quelques centaines de cadres Leaders et Exécutifs (une enveloppe de 40 millions d'euros, ce qui représente en moyenne 40 000 euros par personne, en hausse de 50% par rapport à l’année dernière). La Direction d'Orange n’a proposé qu’une enveloppe de 2,2 %. Elle a choisi de fermer la porte non seulement à toute augmentation collective mais aussi à toute discussion sur les éléments de rétribution qui déterminent le pouvoir d’achat de chacun.
NAO : ce que dit le cadre légal
La Loi impose une Négociation Annuelle Obligatoire (NAO) sur l’augmentation des salaires fixes des personnels de droit privé. Contrairement à d’autres accords qui apportent des réductions de charges, la NAO n’est qu’une obligation de négociation. La Direction étend les mesures négociées aux fonctionnaires via une décision unilatérale. En cas d'évolution de la valeur du point d'indice de la fonction publique, les fonctionnaires peuvent bénéficier d'ajustements supplémentaires. Comme le demande régulièrement la CFE-CGC Orange, rien n’interdit de négocier d’autres éléments du pouvoir d’achat : avantages en nature, taux de prise en charge de la complémentaire santé, etc. La Direction s’y refuse.
La CFE-CGC Orange revendique que toutes les mesures exceptionnelles (prime Macron, complémentaire santé, avantages en nature, etc.) viennent s’ajouter aux augmentations salariales et ne s’y substituent pas.
Un accord qui aggrave les inégalités
L’accord NAO 2025 accroît les inégalités et traduit des choix managériaux contre-productifs. Bien que l’inflation ralentisse, les personnels doivent affronter des hausses de taxes et d’impôts. Les augmentations trop modestes empêchent la préservation de leur pouvoir d’achat. Les augmentations collectives avaient été rétablies par le tandem B. Mettling / S. Richard afin d’éviter la déstabilisation économique des personnels. Le nouveau tandem V. Lecerf / C. Heydemann qui par ailleurs s’octroie des actions gratuites revient sur ces acquis : la distribution de 0 % d’augmentation redevient possible, même si la CFE-CGC Orange a obtenu cette année la suppression de l’objectif indécent qui demandait explicitement aux managers de priver un tiers des personnels de toute hausse salariale.
Désormais, les augmentations collectives sont plafonnées et réservées à 600 € pour les salariés de droit privé dont la rémunération est inférieure à 35 000 € annuels, et seulement 500 € pour les fonctionnaires non-cadres.
Toute personne gagnant plus de 35 000 euros bruts peut se retrouver avec 0%. Un outil de violence sociale pour inciter à prendre le temps partiel senior (TPS) ?
La CFE-CGC Orange exige un rattrapage des pertes de pouvoir d’achat accumulées ces dernières années, afin que personne ne soit condamné à la stagnation salariale.
Opacité sur le calcul des augmentations individuelles
Les décisions concernant les augmentations individuelles manquent de transparence. Les critères utilisés pour attribuer ces augmentations ne sont pas clairs, ce qui conduit à de nombreuses injustices et à l’accroissement des inégalités. La CFE-CGC Orange a demandé à connaître les règles de gestion associées à la déclinaison de la NAO. La Direction a refusé de les fournir. Le nouvel outil RH « My job », portail unique de la rémunération, ne permet pas de connaître son positionnement salarial et empêche donc un traitement objectif des corrections de salaires.
Objectifs atteints, primes réduites
Les cadres soumis à la part variable managériale (PVM) subissent une autre injustice. Pour des objectifs atteints à 100 %, ils ne reçoivent que 85 % de leur PVM. Cette différence de traitement avec les cadres Leaders n’est pas acceptable et met en lumière le retour de la violence sociale. De même, la part variable vendeur (PVV) est en baisse du fait d’objectifs toujours plus élevés. Pour faire valoir les droits des personnels, la CFE-CGC Orange a interpellé la Direction sur les différents périmètres concernés, à travers plusieurs courriers, dont :
- Application déloyale des règles de PVM : notre courrier à la Direction
- La CFE-CGC Orange demande l'ouverture de négociations sur la Part Variable Commerciale (PVC)
40 millions d'euros : le jackpot des dirigeants
La Direction et environ 1 000 cadres Leaders se voient attribuer des actions gratuites à hauteur de 0,12 % de la valeur boursière d'Orange, soit une enveloppe de 40 millions d'euros, ce qui représente en moyenne 40 000 euros chacun d’après les documents de l’Assemblée Générale d'Orange 2024. Les critères d’attribution de ces actions gratuites sont définis de sorte que les objectifs annuels soient systématiquement atteints. Jackpot garanti alors que le chiffre d’affaires baisse. Cette distribution permet de surcroît d’échapper à l’obligation faite depuis la loi Pacte, pour les sociétés cotées en bourse de communiquer les écarts de salaires existants entre l'employé moyen et les dirigeants D’autre part, le coût de la socialisation et de la fiscalisation des distributions d’actions gratuites est plus faible que pour des salaires équivalents. Double jackpot !
La CFE-CGC Orange revendique que les actions gratuites soient distribuées équitablement à tous les personnels, proportionnellement à la rémunération, et non réservées à une minorité de dirigeants.
L'accord GEPP et ses conséquences
Cette logique d'austérité salariale trouve son prolongement dans l'accord GEPP 2025-2027. La politique de diminution des effectifs d'Orange SA conduit à une explosion de la délocalisation et de la sous-traitance. Elle aggrave de ce fait la charge de travail (ou la complexité pour ceux qui restent) sans contrepartie salariale.
La CFE-CGC Orange demande un suivi attentif des embauches et des budgets alloués aux dispositifs comme le TPS (qui sert à manipuler l’Ebitda des années à venir) qui ne doit pas impacter les rétributions des actifs.
Des dividendes qui explosent, des rétributions qui stagnent
La Direction d'Orange se satisfait d’un Ebitda qui progresse depuis son arrivée mais ni le chiffre d’affaires, ni les bénéfices suivent cette tendance. En 2024, près de 2 milliards d’euros ont été versés aux actionnaires en hausse de 4,2 %, soit 0,75 € par action. La Direction d’Orange choisit de privilégier les dividendes, sacrifiant à la fois la capacité d’investissement pour se diversifier et les augmentations salariales nécessaires pour attirer et retenir les talents.
La CFE-CGC Orange au service du pouvoir d’achat
Les personnels d'Orange ont besoin d'une révision profonde des politiques salariales pour compenser les pertes de pouvoir d'achat accumulées ces dernières années. Nous exigeons également que la Direction réduise les écarts de rémunération injustifiés entre les dirigeants et l’ensemble des personnels, et qu’elle redonne la priorité à l’engagement de celles et ceux qui font vivre l’entreprise, plutôt qu’à la seule satisfaction des actionnaires. Le Rapport annuel intégré illustre ces enjeux.
La CFE-CGC Orange revendique que les Assises de la rétribution, soient organisées sans délai pour clarifier les systèmes actuels et instaurer plus de transparence.
La CFE-CGC Orange accompagnera tout collaborateur du groupe qui serait malmené par l’application de la politique salariale.