Les opérateurs télécoms en 4 graphiques : saison 2018

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Image Gerd Altmann via Pixabay

Chaque année, nous actualisons les graphiques qui permettent d’appréhender, les principaux indicateurs clefs des opérateurs de télécommunications en France.

Ces indicateurs proviennent de l’Observatoire des marchés consolidé par l’Arcep, régulateur français des télécoms. Nos graphiques, qui reprennent l’ensemble des données de l’Arcep depuis 1998, intègrent les actualisations rétroactives réalisées par l’Autorité. Nous les complétons par l’analyse des données présentées par Orange dans son document de référence 2018.

Ils ne concernent que le marché français, et les opérateurs de télécommunications, hors activité des autres acteurs de la filière.

L’Arcep continue d’ignorer ses missions de développement de l’emploi

Le document de présentation à la presse de l’édition 2018 de l’Observatoire des marchés de l’Arcep, a permis à Sébastien Soriano, son Président, de se féliciter de l’efficacité de sa « doctrine pro-investissement ». De fait, portés par les déploiements de la fibre, les investissements des opérateurs en France ont presque atteint 9,8 milliards d’euros en 2018, en légère croissance par rapport à 2017, qui était déjà un millésime record. « Cela montre que la régulation est capable de pousser les investissements dans notre pays », a commenté Sébastien Soriano. Quitte à brandir régulièrement ultimatums et menaces de sanctions auprès des acteurs du secteur et de leurs employés, pourtant peu avares de leurs efforts. Mais qu’importent les moyens s’ils permettent d’être « dans les clous » (lire dans ZDNet – Pierre Benhamou – 21/05/2019).

Comment le Président de l’Autorité peut-il, sans rougir, affirmer qu’on est « dans les clous », avec plus de 3600 emplois directs perdus en 2018 dans le secteur des télécoms ? L’information ne figure pas dans le document de présentation à la presse, et n’occupe que 3 lignes dans l’Observatoire proprement dit. Pourtant, le Code des postes et des communications électroniques assigne au régulateur la mission de développement de l’emploi. Mais sur ce volet, l’Arcep est dans les choux ! Espérons que la 5G, dont il a également été beaucoup question lors de la présentation de l’Observatoire des marchés, permettra aux opérateurs d’inverser la tendance en générant de nouveaux relais de croissance, notamment via une juste monétisation de la connectivité des entreprises (Plus d’informations dans Le Monde – Zeliha Chaffin – 22/05/2019). A suivre…

Un niveau d’investissement record, porté par le FttH

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La croissance des montants investis par les opérateurs en 2018 (+230 millions d’euros, soit une augmentation de 2,4%) a été moins spectaculaire que lors du millésime précédent (+660 millions d’euros en 2017). Mais avec près de 9,8 milliards d’euros investis, l’année 2018 marque un nouveau record, et se place loin devant les trompe-l’œil de 2012 et 2015, où les montants avaient été gonflés par les achats de fréquences mobiles.

En augmentation de 430 millions d’euros pour atteindre 7 milliards d’euros, les investissements dans l’activité fixe, en particulier dans le FttH, portent l’intégralité de la croissance. De leur côté, malgré la poursuite des déploiements des sites 4G, les montants investis dans les infrastructures mobiles sont en recul pour la première fois depuis quatre ans (-200 millions d’euros).

Avec 4,8 millions d’abonnements, un chiffre en croissance de 47% par rapport à 2017, la fibre représente désormais 16,5% du parc des abonnements à Internet (contre 11,5% en 2017). Côté mobile, la croissance de la 4G s’essouffle (+6,1 millions de nouvelles cartes SIM en 2018 contre +9,7 millions en 2017), mais reste bien réelle, et le parc actif 4G représente désormais 47,7% du parc mobile total (contre 41,6% en 2017).

Une courbe des revenus qui suit celle des prix… vers le bas

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Malheureusement, le développement des usages ne rime pas avec une croissance du chiffre d’affaires. La présentation de l’Arcep ne s’attarde d’ailleurs pas sur le chapitre des revenus des opérateurs, qui enregistrent leur plus forte baisse (-1%) depuis trois ans…

« Le cycle de la baisse s'achève », affirmait l’an dernier le visionnaire Président de l’Arcep… Certes, les revenus du mobile connaissent une légère progression (+0,8%), pour la première fois depuis 2010, mais qui ne compense pas le recul observé sur le fixe (-1,8%).

La croissance de la consommation de données mobiles est spectaculaire (+66% en 2018), mais elle n’est pas monétisée à sa juste valeur. Sur un marché toujours aussi concurrentiel, la course aux promotions bat son plein : l’édition 2018 de l’étude de l’Arcep sur l’évolution des prix des services de communications électroniques fait apparaître, par rapport à 2017, une baisse moyenne des prix de 2,8% sur les services mobiles et de 7,8% sur les services fixes. L’étude annuelle sur l’économie des télécoms réalisée par Arthur D. Little pour la Fédération Française des Télécoms montre d’ailleurs à quel point le marché a été dévalorisé depuis le début de la décennie, par rapport à d’autres secteurs régulés comme les services postaux, l’énergie ou les transports publics.

Les perspectives pour 2019 ne sont pas vraiment encourageantes. Ainsi, au 1er trimestre, pour la première fois depuis deux ans, Orange a publié un chiffre d’affaires en baisse de 1,8%, tout en gagnant des abonnés sur le fixe comme sur le mobile. Ses dirigeants ont fustigé la « spécificité dans laquelle certains opérateurs se sont engagés, si ce n'est enfermés, qui font du volume au détriment de la valeur ».

L’implacable régularité de la destruction des emplois

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Depuis 2013, la diminution du nombre d’emplois dans le secteur des télécoms se poursuit, à raison de 3000 à 4000 postes supprimés par an : un peu plus de 3 600 ont disparu en 2018. Sur les six dernières années, 16% des effectifs du secteur ont été sacrifiés sur l’autel de la régulation

Dans un modèle économique de coûts fixes élevés (les infrastructures de réseau), la concurrence imposée pour faire baisser les prix, tandis que les déploiements sont menés à marche forcée, ne peut mathématiquement pas produire d’autre résultat. D’autant que les actionnaires, y compris l’Etat qui reste le 1er actionnaire d’Orange, continuent d’exiger un niveau de dividende élevé.

Parallèlement, la sous-traitance ne cesse de croître ! En France, Orange a ainsi dépensé plus de 2,5 milliards d’euros en sous-traitance en 2018, soit plus de 31 000 emplois en équivalents temps plein… ce qui correspondrait à une augmentation des effectifs de plus de 25% ! De fait, la sous-traitance permet aux opérateurs de complaire aux marchés financiers en affichant les effectifs les plus bas possibles, aucune sanction réglementaire ne venant les contraindre sur ce point. En parallèle, elle leur donne plus de cette « flexibilité », si chère au patronat et aux ultra-libéraux. Revers de la médaille, la sous-traitance génère de multiples effets pervers : perte de compétences en interne, distension du lien avec les clients et raréfaction des retours d’expérience, pourtant si utiles pour améliorer les offres, moindre engagement de salariés qui ne sont plus les ambassadeurs de la marque, dont l’image tend à se dégrader, difficulté de pilotage de la sous-traitance, qui s’avère parfois finalement plus coûteuse qu’un travail réalisé en interne. Mais ces effets cumulés ne deviennent vraiment visibles et chiffrables que sur le long terme, et ne sont donc pris en compte par personne.

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En 2018, les effectifs d’Orange en France ont peu varié par rapport à 2017, avec « seulement » 874 postes supprimés, soit une diminution de moins de 1%. Mais cette vision est trompeuse ! De fait, le périmètre du groupe en France a été élargi par l’adjonction des salariés d’Equant France, jusqu’alors comptabilisés à l’international, et les acquisitions de plusieurs entreprises, dont Business et Décision et Enovacom. En vision pro forma, les effectifs du groupe ont donc diminué de plus de 3900 unités, soit plus de 4% !

Compte tenu du nombre des départs en retraite (plus de 5 600 en 2018 pour seulement 3 200 recrutements), il suffit de ne remplacer qu’une personne sur deux pour comprimer « naturellement » les effectifs.

L’opérateur historique compte désormais moins de 92 000 employés dans l’Hexagone, soit 13 000 de moins qu’avant l’arrivée de Free sur le marché du mobile.

La charge de travail ne diminue pas pour autant, et la santé des personnels, notamment dans les équipes commerciales et techniques, en relation avec nos clients, est mise à rude épreuve. La régulation, responsable de la prochaine crise sociale chez Orange ?

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