Plan stratégique 2025, retour vers le Futur...

michel dana
Par Michel Dana
Elu du CSE Central

Notre nouvelle Directrice Générale a donc annoncé le 17 février son plan stratégique à horizon 2025, nommé « Lead the future ». Vos élus l’ont découvert au CSEC. Quant au Marché Entreprise, la Direction l’a présenté le 18 février aux partenaires sociaux, une heure avant qu’il ne soit dévoilé à l’ensemble du personnel d’Orange Business.

En ce qui concerne le plan stratégique d’Orange, la bourse ne s’y est pas trompée, puisque pour la première fois depuis longtemps, l’action est remontée à la suite de la communication d’un plan stratégique.

Que ce soit le recentrage sur notre métier d’opérateur, la recherche de l’excellence opérationnelle ou bien, l’élagage des boulets (vente d'OCS, recherche d'un partenaire pour la banque et quant à OBS, on laisse notre CEO faire l’annonce elle-même le lendemain)..., tout leur a plu dans cette annonce !

Les investisseurs ont bien compris que ce plan stratégique se traduira par une nouvelle baisse des effectifs, avec pour effet escompté, une génération de cash-flow et donc du dividende pour les actionnaires. 

Je parle d’effet escompté, parce que si on pousse trop loin ce genre d’exercice, on passera à une destruction pure et simple de l’activité, voire à sa totale disparition. 

Nous sommes face à un revirement complet de la stratégie de l’opérateur, qui essayait depuis des années d’avoir des facteurs différenciant forts permettant de justifier la différence de prix entre ses offres et celles de ses concurrents. Rappelons quand même que depuis des années, nos dirigeants avaient vécu dans la hantise de devenir un simple « utility », comme les fournisseurs d’énergie par exemple. Nous savons bien que lorsqu’on prend un abonnement au gaz, quel que soit le fournisseur, c’est toujours le même gaz qui arrivera dans le tuyau d’alimentation. 

La question qu’on peut légitimement se poser néanmoins sur ce plan, c’est que le recentrage sur le réseau suppose de continuer à immobiliser énormément de capital, chaque génération de réseau mobile coûtant plus cher que la précédente, sans augmenter suffisamment la valeur perçue par les clients qui pourrait les inciter à payer plus cher leur abonnement.

Dans de nombreux pays, des opérateurs face à ce problème décident de mutualiser une partie de leur infrastructure. Ce n’est clairement pas le choix d’Orange à ce jour.  Dans le domaine du fixe THD, Orange se vante d’être le leader du déploiement, directement ou à travers les RIP. Néanmoins, la question de la transformation des prises installées en prises commercialisées, tant qu’à faire par Orange, reste très en deçà des niveaux qui permettent de rentabiliser ces investissements. On a souvent entendu dans les années passées que les analystes reprochaient à Orange la quantité de CAPEX immobilisés par rapport à ce que font ses pairs, ce qui impactait négativement le cours de bourse. Ce recentrage ne devrait pas améliorer cette situation. 

La surprise, pour les salariés travaillant sur le Marché Entreprise, est la disparition de la marque OBS au profit d’une nouvelle marque « Orange Business » dont on nous dit qu’elle serait plus moderne. Cela veut-il dire que, conformément à la stratégie Groupe, le Marché Entreprise se recentrerait aussi sur la connectivité ?

Et bien non, la CEO nous explique qu’en réalité, Orange Business se transformera rapidement en intégrateur, avec 50% du catalogue de produits actuels supprimé d’ici un an et que la plupart d’entre nous changeront donc de métier pour exercer de nouvelles activités.

Par un tour de passe passe communicationnel, on fait donc disparaitre les services de la marque pour en faire le coeur de la nouvelle offre. Que se passera-t-il pour ceux qui n’accepteront pas de changement ? La presse évoque déjà l’hypothèse de plans de départs volontaires. 

Lien Article de presse : Le Monde Informatique 


Si le discours peut être compris sur le secteur des grands clients et des grosses PME, il n’en reste pas moins qu’une bonne partie de notre Chiffre d’Affaires et de notre marge provient d’entités de taille plus réduite et qui ont des besoins en infrastructure simple  : un accès internet, quelques mobiles, un peu de cloud, de la sécurité… et surtout l’accès à des applications métier packagées.

Et là encore Orange Business reste au milieu de la route, en ne se positionnant toujours pas comme un éditeur de solutions ; ignorant le fait que dans de nombreux secteurs d’activité, c’est l’éditeur de la solution métier qui prescrit les infrastructures techniques à ses clients. On peut d’ailleurs s’interroger sur la pertinence de ce positionnement à moyen terme, quand on constate que les GAFAM sont en train de prendre, les uns après les autres, des licences d’opérateur (Microsoft et récemment Google, Amazon), ayant bien compris qu’il reste des poches de profitabilité à exploiter autour de leurs suites de communication et comptant bien les exploiter pour leur propre compte. 

Alors que peut-on penser de ce plan ? Pour les plus anciens, il évoque étrangement le plan de redressement fait par Thierry Breton lors de son passage à la tête de l’entreprise. Mais Thierry Breton, visionnaire en termes de technologies, a aussi accéléré la sortie de nouveaux services comme les offres triple play pour le grand public ou les services IP pour les entreprises. Rappelons aussi que l’ère de Thierry Breton s’est poursuivie dans l’ère Lombard avec son lot de maltraitances envers les personnels.

La situation industrielle d’Orange aujourd’hui est bien moins favorable qu’au début des années 2000. Nos concurrents les plus dangereux ne sont plus les autres opérateurs Telecom mais des géants du numérique. Américains ou asiatiques ils nous sortent progressivement de nos activités historiques génératrices de revenu et nous laissent la charge de financer sans contrepartie des infrastructures de plus en plus onéreuses.

On peut anticiper qu'Orange va encore réduire sa voilure en faisant de nouveaux plans d’économie, alors même que beaucoup d’équipes sont déjà exsangues. Ce qui se traduira par de nouveaux transferts d’emploi vers des pays à bas coût, la réduction de la masse salariale étant le principal levier d’action à la main de la Direction.

La voie du redressement pour le Groupe Orange est donc bien étroite et ne pourra se faire sans une modification drastique du cadre règlementaire et concurrentiel national et européen. 

Economie et Réglementation des Télécoms Orange Business Services

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