La médecine du travail tire la sonnette d’alarme

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Le 08 avril 2025, la Commission de Prévention des Risques Professionnels et de Promotion de la Santé au Travail (CPRPPST) a présenté le rapport annuel 2024 du Service de Prévention Santé au Travail (SPST) d'Orange. Il révèle une réalité inquiétante : les équipes médicales sont à bout de souffle. Les salariés sont laissés sans protection suffisante et la santé au travail devient une variable d’ajustement au gré des réorganisations.

Le Rapport d’activité de la Médecine du travail couvre la période du 1er janvier au 31 décembre 2024 et s’applique à tous les salariés d’Orange SA en France métropolitaine (hors DOM-TOM).

Les chiffres clés :

  • 62 médecins du travail répartis sur cinq bassins d’emploi (Île-de-France, Grand NE, Grand SE, Grand SO, Grand Ouest),
  • 62 495 salariés (incluant 1 028 salariés de filiales rattachées).

Ils nous en parlent …

« On constate une part toujours plus importante des visites à la demande, avec une forte augmentation de celles proposées par le médecin du travail, traduction d’un attachement au suivi régulier des salariés .»

En 2024, le SPST a réalisé 39 144 visites médicales (infirmiers et médecins confondus), pour un total de 27 394 visites strictement médicales, dont :

  • 12 090 examens périodiques (baisse par rapport à 2023 : 15 134).
  • 15 304 examens non périodiques (stable par rapport à 2023 : 15 319).
  • 1 321 visites d’embauche (en baisse constante depuis 2020).
  • 1 191 visites pré-reprise (en hausse légère).
  • 2 211 visites de reprise, dont 1 525 après maladie et 124 après accident du travail.
  • 10 581 visites occasionnelles (dont 4 204 à la demande du salarié).
  • 8 691 heures à leurs actions sur le terrain, soit en moyenne 140 heures par médecin :
  • 193 études de locaux (bureaux, ateliers, boutiques, centres d’appel, chantiers),
  • 6 études métrologiques (bruit, agents physiques, autres),
  • 445 études de poste de travail (dont 137 menées par les médecins, 327 par les infirmiers).
  • 911 réunions CSE/CSSCT (91 CSE, 765 CSSCT, 21 CSSCT transverses, 34 inspections de sites),
  • 424 sollicitations par l’employeur (modification d’organisation, nouveaux aménagements, projet, etc.).

Ils nous en parlent …

« Augmentation de la participation des équipes aux CSE et CSSCT : 892 réunions en 2023, 911 en 2024. »

Les infirmiers de santé au travail sont de plus en plus sollicités :

  • 9 835 visites infirmières,
  • Soit + 20 % par rapport à 2023 (8 173), ce qui exige une montée en compétence et un partage du travail.

Ils nous en parlent ….

 « Les infirmiers prennent une place de plus en plus importante dans le suivi périodique des salariés: augmentation du nombre de visites périodiques mais également non périodiques »

La CFE CGC souligne qu’il est urgent d’assurer la couverture des remplacements en cas d’absences, car la « continuité du suivi » reste fragile.

La CFE CGC tire la sonnette d’alarme !

Les équipes du SPST croulent sous une charge de travail intenable et ce malgré la mise en place d’une nouvelle gouvernance centralisée.

Ces chiffres témoignent de l’engagement des équipes SPST dans la prévention des risques physiques (études de postes, métrologie) et l’amélioration des conditions de travail.

Au cœur des constats du rapport, les risques psycho-sociaux (RPS) dominent :

  • Nombre croissant de salariés évoquant « démotivation », « désinvestissement », «syndromes anxio-dépressifs », troubles du sommeil, addictions potentielles.
  • « Fatigue du changement », « perte de repères », « émoussement des capacités adaptatives» liés aux réorganisations incessantes.
  • À cela s’ajoutent les nouveaux défis : télétravail, flex-office, espaces dynamiques, management à distance, charge de travail accrue des managers de proximité.

Ils nous en parlent ….

« Les transformations rapides et multiples génèrent un climat d’incertitude, une perte de motivation et de sens au travail »

« Le télétravail est perçu comme un atout, mais engendre isolement et difficulté d’évaluation de la charge de travail ; l’aménagement en espaces dynamiques crée des problèmes de concentration, de confidentialité, et un sentiment de “déshumanisation” ».

 La CFE CGC fait le point et dénonce avec force cette situation inacceptable.

Alors que les restructurations se multiplient à grande vitesse, les médecins du travail restent dramatiquement sous-informés, empêchant tout véritable suivi de la santé des salariés.

L’impact n’est pas neutre sur les salariés. La CFE CGC constate que les salariés sont « brisés », « poussés vers la sortie sans ménagement », avec des pratiques ressemblant de loin aux années 2008-2009 avec la mise en place d’une machine à broyer.

Le rapport recense 86 avis d’inaptitude (contre 74 en 2023), répartis ainsi :

  • 37 inaptitudes avec possibilité de reclassement (– 4 vs 2023).
  • 49 inaptitudes sans possibilité de reclassement en interne (+ 16 vs 2023).
  • 6 avis d’inaptitude totale, qui ont entraîné une rupture de contrat.
  • Dont 86 avis pour 85 salariés (un salarié ayant reçu deux avis).

Ils nous en parlent …

« On constate une augmentation du nombre total d’avis d’inaptitude, portant majoritairement sur des salariés dont l’état de santé ne permet pas le reclassement au sein du groupe. Plusieurs hypothèses : détérioration massive de l’état de santé, signalement trop tardif ou médecin estimant qu’aucune solution n’est possible. »

Face à cette situation, la CFE-CGC exige :

  •  un plan national RPS clair et la mise en place urgente d’un comité RPS associant SPST, QVCT, managers, IRP et Délégués syndicaux.
  • un indicateur national RPS pour quantifier et suivre en temps réel les signaux de détresse dans chaque direction.
  • un tableau de bord national des absences avant fin 2025, sous peine de sanction pour non-respect de l’obligation de sécurité.
  • Un renforcement des équipes des médecins du travail et d'infirmiers, avec un indicateur sur la charge de travail des équipes médicales
  • La systématisation d’analyses d’impact santé : risques physiques, psychiques, charge de travail, conditions ergonomiques.
  • Des recommandations écrites, avec un calendrier précis et un plan d’accompagnement (formations, prise en charge psychologique, tutorats, etc.).
  • La généralisation immédiate de la cellule de prévention et de la désinsertion professionnelle sur tout le territoire.
  •  Une transparence totale et la mise en place d’un comité de suivi des grands projets (CSSCT/IRP), pour que toute décision s’accompagne d’une étude d’impact santé préalable.
  • La reconnaissance des risques psycho-sociaux comme PRIORITÉ n°1.

Pour illustrer la réalité vécue, la CFE-CGC partage quelques verbatims recueillis dans le rapport (directement issus des retours terrain, enquêtes EVREST, diagnostics locaux) :

  • Médecin IDF : « Nous ne recevons l’information qu’au dernier moment. Lorsqu’un projet est lancé, on doit courir pour évaluer les risques, souvent sans données fiables. » Rapport de synthèse VF …
  • Infirmier GNE : « Les urgences pèsent sur nos horaires. Les VIP deviennent urgentes, et on n’a pas le temps de suivre correctement les visites périodiques. » Rapport de synthèse VF …
  • Manager DGP : « Depuis la fusion des AD, on gère des équipes dispersées. Les bassins sont trop grands pour un suivi humain. » Rapport de synthèse VF …
  • Technicien BLI : « Le tirage de fibre est devenu notre quotidien. C’est brutal, on n’est pas formés à la manutention lourde, on rentre avec des cervicales en vrac. » Rapport de synthèse VF …
  • Psychologue DEF : « Les collègues sont épuisés par la multiplication des sondages EVREST. À force, ils ne répondent plus, du coup on perd des données essentielles. »

Assez d'attendre : il faut agir !

La CFE CGC exige des moyens, du respect et une vraie politique de santé au travail.

  • Renforcer les effectifs du SPST,
  • Veiller à la sûreté et la qualité du suivi médical,
  • Renforcer la prévention primaire, en particulier pour les RPS et la santé mentale,
  • Garantir le maintien en emploi, en systématisant les reclassements avant l’inaptitude définitive,
  • Permettre au SPST de porter la voix des salariés dans chaque projet de transformation, pour que la performance ne s’obtienne pas au prix de la santé humaine.

La CFE CGC refuse que la santé des salariés soit sacrifiée.

La CFE CGC affirme que la santé des salariés n’est pas une option, ni un coût à optimiser : c’est un droit fondamental .

Nous invitons chaque salarié à contacter ses délégués syndicaux CFE-CGC pour toute question sur le suivi médical, l’absentéisme, la prévention des RPS ou les reclassements : c’est en partageant ces expériences que nous pourrons faire évoluer concrètement les pratiques.

La santé au travail est un droit et notre priorité absolue .

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